Les Citadelles : revue de poésie n° 21 (2016)

Le numéro 21 de la revue annuelle de poésie Les Citadelles est paru en avril.

Les Citadelles. 2016. N° 21

Les Citadelles. N° 21. VersoCorrespondance et commandes à adresser à Philippe Démeron, 85 rue de Turbigo, 75003 Paris.

Libres Feuillets a rendu compte des précédents numéros dans plusieurs articles :
–  Les Citadelles: revue de poésie numéro 20, publié le 21 mai 2015 ;
–  La revue de poésie Les Citadelles numéro dix-neuf (2014), publié le 3 avril 2014. qui contient un rappel des numéros de 2012 et de 2013 ;
–  La revue de poésie Les Citadelles numéro seize (2011), publié le 19 novembre 2011.

 

Le premier texte du présent numéro, celui de Christophe Manon, fait penser au romancier Claude Simon, prix Nobel de littérature, pour le sujet et pour le style. Il incite à réfléchir aux correspondances possibles entre la poésie et le roman.

Comme les précédentes, cette livraison de 2016 permet de découvrir des poètes (s’exprimant en français bien sûr, mais aussi en anglais, en catalan, en italien), et d’approfondir la connaissance de ceux que la revue nous a déjà fait découvrir antérieurement.
On notera un long poème de l’irlandais Derek Mahon, du genre « monologue récitatif » (décrivant vingt-quatre heures de la vie de l’auteur parcourant la ville portuaire où il habite : « Prends ta canne et va-t’en flâner sur le chemin », s’est-il dit), avec une préface de Jacques Chuto qui a traduit cette oeuvre en alexandrins, peut-être parce que le poète lui-même a incorporé à son texte un alexandrin de Mallarmé : « La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres ! », c’est-à-dire en anglais : « The flesh is weary and I have read the books ». Derek Mahon n’est pas un inconnu pour les lecteurs de la revue, il figurait déjà au sommaire des numéros seize (2011) et dix-neuf (2014) notamment. Toujours en ce qui concerne la poésie irlandaise, la partie « magazine » à la fin de la revue présente en version bilingue un poème politique de Yeats intitulé ‘Pâques 1916″, au sujet d’un soulèvement contre la domination britannique il y a cent ans.
Un « cahier italien » regroupe les textes de onze poètes – souvent membres de l’Aleph, association de poésie fondée par Luigi Celi et Giulia Perroni à Rome – dont les noms sont énumérés dans le sommaire reproduit ci-dessus, et dont plusieurs ont apporté leur contribution aux Citadelles au cours des années précédentes. Voici quelques citations, choisies au hasard de la lecture :
–  Lucianna Argentino : « elle (l’encre) fertilise la feuille / elle met des anses à l’anxiété / fait ressortir le vide des bords / aux rebords elle demande le vertige / pour sauter dans le plein de la vie » ;
–  Tina Emiliani : « Dans mes rêves il avait de larges épaules / où m’appuyer dans les moments de brume / mais presque toujours c’était moi l’oreiller  » ;
–  Francesco Lioce : fragment d’un poème intitulé « L’attente  » : « Robe de chambre bien ajustée, / cheveux qui de sommeil  / embaument encore, / La femme aux vases verse / De l’eau, parle aux fleurs, / s’occupe des hirondelles. »
Dans la rubrique « Poètes pour nos jours », on trouve des textes des fondateurs de la revue, Philippe Démeron et Roger Lecomte. Un poème en prose de Philippe Démeron, ayant pour thème « La matière », retient d’emblée l’attention par une comparaison-métaphore évoquant les plaques photographiques sur lesquelles les objets matériels ont eu le temps de s’imprimer, alors que l’image des personnages n’a pu s’y fixer au passage. Ce texte se poursuit par des strophes de quelques lignes sur les sensations que nous donne la matière, y compris la matière vivante de notre corps ou du corps de l’autre, senti par le poids, le mouvement, le toucher. Il pose une question entre physique et poésie, celle de savoir si nous sommes faits de la même matière que les objets les plus lointains de l’astronomie. Un poème de Roger Lecomte, en hexasyllabes, octosyllabes et alexandrins, dont les diverses longueurs sont bien agencées entre elles, fait entendre ses harmonies dans un registre plus sombre que d’ordinaire, caractérisé par une sorte d’angoisse que le poète appelle « angoisse brumaire ».
A la fin de la revue, comme d’habitude, un « Magazine » et de « Brèves chroniques » expriment, sous la plume, cette année, de Philippe Démeron, de Denis Hamel et de Martin Muze (un double de Philippe Démeron), les appréciations d’une critique littéraire sympathique, c’est-à-dire amicale et agréable, ce qui peut être considéré comme l’une des conditions de la justesse. Dans les « Brèves chroniques » de 2016 sont présentés (souvent avec des citations) les ouvrages récents publiés par plusieurs auteurs figurant au sommaire de cette année : Marie-Anne Bruch et sa mélancolie : « Les sièges vides / face à moi / me tenaient compagnie » (Ecrits la nuit) ; Jean Pichet et son rayonnement intérieur : « Les bruyères resplendissent / De savoir que tu les aimes » (Une poignée de feuilles) ; Henri Le Guen qui cite René Char et combine différentes sortes de vers libres pour exprimer la présence des éléments naturels (L’Offrande des ciels) ; Dominique Thiébaut Lemaire et la « ligne claire » de sa poésie qui, sans craindre d’évoquer l’actualité apparemment prosaïque, « réinsère le monde dans l’enchantement » (De jour en jour) ; Sydney Simonneau, qui, dans une langue lyrique, se souvient de Sartrouville où il a vécu plus de quarante ans avant d’aller habiter dans le sud-ouest de la France (Sartrouville, l’envol d’une île). Armelle Leclercq, présente en 2015, ne figure pas au sommaire de 2016, mais les « Brèves chroniques » rendent compte de ses dernières publications, dont un livre de poésie sur le Japon (Les Equinoxiales).

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