Billet: l’équinoxe

Entre fructidor et vendémiaire

 

Lorsque la nuit devient égale au jour
Que l’équinoxe en prélude rejoue

L’air de l’automne on ne sait de quel genre
Sera le ciel doux et calme ou changeant

L’astre soleil dans sa course horlogère
Fidèle suit l’horaire et le trajet
Mais quelquefois le climat fait surgir
Un temps fantasque et sans analogie

Communément vendémiaire majore
L’éclat voilé des plus beaux rayons jaunes
Comblant de fruits les hottes les cageots

La grive l’aime il plaît au vendangeur
Ce mois n’est pas une saison de jeûne
Entre lumière et tulle nuageux

 

Lune et soleil attirent l’océan

 

Lune et soleil attirent l’océan
De notre Terre où les deux équinoxes
Créent des marées laissant parfois béant

Le littoral qui ne reste pas fixe

Petite proche et lointain feu géant
L’une plus l’autre en tournant sur les axes
de cet ensemble aux mouvements complexes
Lune et soleil aspirent l’océan

Nés d’un secret détenu par quel sphinx
Ils ne sont pas retombés au néant
Depuis les mots du début fiat lux

Lune et soleil animent l’océan

 


***

 

L’équinoxe, du latin æquinoctium, de æquus (égal) et nox (nuit), est, comme on le sait, le moment où jour et nuit ont une durée égale, et où le soleil passe le même temps, douze heures, au-dessus et au-dessous de l’horizon pour tous les points de la surface terrestre. Le soleil se lève alors presque exactement à l’Est et se couche presque exactement à l’Ouest.

Deux équinoxes se produisent dans l’année, en mars (le 20 en 2013 et en 2014) et en septembre (le 22 en 2013, le 23 en 2014).

Les dates des équinoxes sont liées par convention aux débuts du printemps et de l’automne.

Dans le calendrier républicain français, ayant commencé le 22 septembre 1792, mis en place le 6 octobre 1793 et utilisé entre 1793 et 1805, l’année commençait lors de l’équinoxe de septembre, avec le début du mois de vendémiaire qui suivait le mois de fructidor. Le hasard avait fait que l’institution de la République, le lendemain de l’abolition de la royauté le 21 septembre 1792, ait lieu le jour de l’équinoxe d’automne.

Dans le phénomène des « marées d’équinoxe », il faut distinguer d’une part l’effet de l’alignement Lune-Terre-Soleil, qui a lieu toutes les deux semaines à la pleine lune et à la nouvelle lune, et d’autre part l’effet des équinoxes deux fois par an, lorsque le soleil se trouve à la verticale de l’équateur, alors qu’il est au-dessus du tropique du Cancer lors du solstice de juin et au-dessus du tropique du Capricorne lors du solstice de décembre.

Les marées les plus faibles de l’année se produisent normalement aux solstices, et les plus fortes aux équinoxes.

Lors de la pleine lune et de la nouvelle lune, c’est-à-dire lorsque la Lune et le Soleil sont alignés avec la Terre (on parle de « syzygie »), leurs attractions sur les masses liquides de notre planète s’additionnent et les marées sont de plus grande amplitude (vives-eaux). Au contraire, lors du premier et du dernier quartier, lorsque les trois « astres » sont en quadrature, l’amplitude est plus faible (mortes-eaux).

La Lune est beaucoup plus proche de la Terre que le Soleil, mais elle a une masse beaucoup plus petite, de telle sorte que les attractions ont des ordres de grandeur comparables : celle du Soleil est environ la moitié de celle de la Lune.

Le mouvement de marée n’est pas limité aux eaux, il affecte -bien que dans une moindre mesure – toute la croûte terrestre soulevée au passage (on parle de « marées crustales»). Ce qui est perçu sur les côtes est en fait la différence entre la marée crustale et la marée océanique.

 

 

 

 

Dominique Thiébaut Lemaire

Petites scènes capitales, roman de Sylvie Germain. Par Martine Delrue

Sylvie Germain, Petites scènes capitales, roman, Albin Michel, 2013

               Sylvie Germain est née à Châteauroux en 1954. Dans les années 70, ses études de philosophie la mènent auprès d’ Emmanuel Levinas pour une thèse de doctorat sur le visage. Elle écrit d’ abord des contes et nouvelles. Bien que son premier recueil soit refusé par Gallimard, Roger Grenier l’encourage à écrire un roman.  En 1984, elle publie Le Livre des Nuits  et reçoit six prix littéraires, dont le prix Grévisse. En 1989, elle publie Jours de colère, qui  obtient le Prix Femina, en 1999 une  biographie  consacrée à Etty Hillesum. En 2005, Magnus, choisi pour le Goncourt des Lycéens, est un grand succès. En 2013 elle est élue au fauteuil de Dominique Rolin, à l’Académie Royale de langue  et de Littérature de Belgique.

              Apparemment,  le roman semble être l’histoire d’une vie, celle de Lili et de sa famille.  En 49 brefs chapitres, de deux à quatre pages pas plus, le narrateur présente les étapes de cette  vie : petite enfance esseulée (sa mère quitte la famille quand le bébé a onze mois), enfance traversée de deuils, de  recompositions, de frères et soeurs nouvellement adjoints puis éloignés, plus tard  adolescence normalement  tourmentée.

             Aucune date  ne  figure dans le texte. On comprend pourtant qu’il s’agit d’une enfant de l’après – guerre, qui  ensuite vivra les événements de 68. Son père, Gabriel se remarie  quand Lili a cinq ans.  Pas de marâtre, non, mais une belle-mère Viviane, « la sphynge », occupée, distraite. Ce récit est fait à grands traits, à grandes péripéties aussi; y gravitent des personnages aux portraits fulgurants, porteurs de  joies  également. La sœur aînée, Jeanne-Joy la mystérieuse surnommée Feu Follet, joue du violoncelle. Lili fera des études de gemmologie, rêvera de voyager avec son père à « Trieste ville engloutie, son Atlantide », ce qui est l’occasion de magnifiques évocations. Mais  les  événements sont traités avec distance, comme dans une épure. On peut avoir l’impression d’un conte, à l’instar de celui qui est détaillé par la fille lorsqu’elle se représente son père: le conte du vieux roi Bilboc premier et  dernier du nom. Père puissant ou fragile?

              Le roman est placé sous l’égide du poète suédois Tranströmer,  qui a reçu le Prix Nobel de Littérature en 2011. L’exergue rappelle ses mots: « Au moment  de me découvrir, je m’effaçais et un trou se creusait.»  Ce qui intéresse Sylvie Germain, ce ne sont pas tant les faits que les retentissements qu’ils ont sur ses personnages et sur Lili – qui s’appelle Barbara dans la seconde moitié du livre; on découvrira pourquoi dans le roman.  Au centre actif -comme on le dirait d’un volcan-  du livre, se trouvent donc des moments, des flashs, des sensations intenses qui, relatés au présent et joints à une écriture très particulière, donnent toute sa force à ce livre. Des sensations brûlantes, que l’auteur qualifie de «capitales ». Des moments où l’univers  prend sens,  ou éblouit Lili, puisque c’est par ses yeux que le lecteur voit le monde. C’est d’ abord le sentiment d’exister, à quatre ans : une sensation extrême alors qu’on vient de lui annoncer la mort de sa mère et qu’elle se réfugie sur une balançoire. Elle sent ses propres mouvements et le ciel qui pourrait l’engloutir: « oiseau irrésolu et cependant hardi…elle vogue, elle nage dans un lait de grisaille, de fleurs et de soleil ». Quelques pages plus loin ce sont les cris des oiseaux «voix de brume et de rouille » d’une ménagerie  proche. Ou des rêveries sur les sonorités des prénoms, sur les « I, pourpres… » Ou des interrogations fondamentales: « C’est qui, là ? » Premiers mots du livre, première question magnifique sur l’identité ou la conscience que l’on peut avoir de soi-même, pas du tout abstraite, incarnée dans l’enfant qui interroge sa grand-mère devant une photo. C’est une intuition qui s’impose « et avant j’étais où ? » Ou encore face aux fenêtres pleines de lumière derrière lesquelles vivent les gens: qui sont-ils ?  Le sentiment océanique  la gagne et nous bouleverse, nous emporte.

              Ce sont  ces moments  forts qui nous intéressent. L’écriture est dense, musicale, belle.  On se laisse  entraîner à ces méditations poétiques, à cette envie de célébrer, malgré le mal,  avec  la légèreté et peut-être la grâce qui caractérisent Sylvie Germain.

 

Billet: au musée du Louvre, délinquance contre culture


De jeunes Danubiens dans le musée du Louvre
Entre les visiteurs se glissent pour la fouille
Bandes téléguidées rôdeurs à pas de loup

Ces voyous pickpockets qui se moquent des œuvres
Alias piqueurs-en-poche aiment les portefeuilles
Epluchés tels des fruits au contenu juteux

Dans ce temple de l’art qui devrait être un havre
On a vu les gardiens arrêter le travail
Excédés par les vols et parfois les crachats

Quelle est la politique enfin qu’il faudrait suivre
Afin d’arrêter ça faut-il qu’on embastille
Les  mineurs endurcis délit après délit

Narguant les surveillants dont la riposte est pauvre
Un mineur ne paie rien fût-il petit cow-boy
Il peut entrer gratis et piller le troupeau

Mais toujours la Joconde un fin sourire aux lèvres
Attire à elle en foule émus par la merveille
Ses dévots trop confiants dans un si beau palais

***

Depuis le début de 2012, au musée du Louvre, les voleurs à la tire, pour la plupart originaires d’Europe de l’est, en bandes organisées, ont été de plus en plus entreprenants contre les touristes et de plus en plus agressifs contre le personnel. Les visiteurs, concentrés sur les grandes œuvres, sont en général peu conscients d’être guettés par des groupes de jeunes aguerris à ce type de larcins.

Un article du journal Le Parisien, daté du 22 juillet 2012, avait dès cette date lancé l’alerte : « Au cours de la seule journée du 12 juillet, pas moins de 56 portefeuilles vides ont été retrouvés cachés dans le musée.»
« Il ne faut pas sombrer dans le catastrophisme », a répondu imprudemment la direction du Louvre en réponse à une question du journal. « Les équipes de sécurité ont été renforcées, notamment à proximité des files d’attente », et « nous travaillons chaque jour avec la préfecture de police. » Mais, parmi les employés, le malaise était sensible, assorti d’un désagréable sentiment d’impuissance : « Même si on repère ces jeunes, comment leur interdire l’accès ? s’interrogeait un employé. Un agent de sécurité qui a tenté de le faire a été frappé à coups de ceinture. » La direction du Louvre a fini par déposer plainte auprès du parquet de Paris, qui aurait ouvert une enquête en octobre 2012.

Un nouvel article du Parisien, publié le mercredi 10 avril 2013, a permis de mesurer la dégradation de la situation, dont toute la presse a rendu compte, en France et à l’étranger, car le Louvre, mesure exceptionnelle, a dû carrément fermer ce jour-là. Sur le millier d’agents qui travaillent au musée, et les 470 présents quotidiennement, beaucoup ont exercé leur « droit de retrait ».
D’après cet article, les agents d’accueil sont de plus en plus victimes d’agressions de la part de voleurs en bandes, que rien n’arrête, ont dénoncé les syndicats. Très souvent, ils sont encore mineurs, et peuvent entrer gratuitement dans le musée, ce qu’ils font «à 20 ou 30». Plusieurs membres du personnel ont fait état de violences verbales et même physiques. Ils évoquent par ailleurs des «visiteurs dévalisés qui se retrouvent sans papiers, déboussolés, dont les agents doivent s’occuper auprès des instances consulaires afin de les aider, ce qui n’est pas leur mission».
Après une assemblée générale, et une rencontre de l’intersyndicale (CGT-FO-SUD) avec la direction du musée, une délégation a été reçue au ministère de la culture. La ministre de la Culture s’est engagée à contacter immédiatement son homologue de l’Intérieur, «afin de mettre en place un dispositif de sécurité adapté… et des moyens policiers supplémentaires à l’extérieur du musée». La ministre devait aussi «sensibiliser le ministère de la Justice» au sujet de plusieurs plaintes classées sans suite, déposées par les agents et les visiteurs.
La préfecture de police de Paris a rapidement annoncé une série d’arrestations. Les policiers auraient procédé dès l’après-midi du 10 avril au contrôle de 21 individus aux abords du musée et interpellé 11 d’entre eux, arrêtés pour « escroquerie à la charité publique » et « vente à la sauvette ».
Le Louvre a rouvert le lendemain en présence d’une vingtaine de policiers en uniforme. Comme l’a dit l’administrateur général du Louvre Hervé Barbaret, la recrudescence des vols à la tire dans le musée « est totalement contradictoire avec ce qu’est un musée, un lieu de sérénité, de plaisir. »

Dans le même sens que Le Parisien, Le Monde.fr  a publié le 13 avril  2013 (mise à jour du 11 septembre 2013) un article intitulé « Le « ras-le-bol » des agents du Louvre face aux vols des mineurs roumains ». Cet article présente plusieurs témoignages. « Nous sommes dépassés par les événements, à bout de nerfs », souligne un représentant du personnel (CGT). « Certains collègues, notamment femmes, viennent travailler la peur au ventre », ajoute une déléguée syndicale SUD. Les agents racontent que … lorsqu’ils interviennent, ils s’exposent à des crachats, des bousculades, des griffures, des insultes ou des intimidations. L’un d’eux évoque des tentatives de corruption. « On m’a déjà dit: Je te file 20 euros et tu me laisses travailler… » Un autre donne l’exemple de jeunes filles qui relèvent leur tee-shirt pour déstabiliser et faire diversion.
A force de fréquenter le musée, les pickpockets finissent par connaître les horaires, les noms et les matricules des salariés grâce aux badges. « Certains agents ont peur de les croiser à l’extérieur et demandent à être raccompagnés au métro après une nocturne », raconte la secrétaire de la section CGT au Louvre.
Les pickpockets n’hésitent pas à manger et fumer dans certaines salles. « Tout ce qui est règlement est bafoué », résume un représentant  du personnel, qui déplore se retrouver « dans un rôle de flicage et de secourisme… Nos fonctions premières d’accueil des visiteurs et de présentation des œuvres passent à la trappe. » Pour les syndicats, entre 30 et 50 pickpockets arpentaient chaque jour les salles du musée avant la journée de grève. Selon la police, ces bandes organisées, qui comptent de nombreuses filles, sont constituées de personnes originaires de Roumanie et vivant en Seine-Saint-Denis.

Il est difficile de savoir combien de visiteurs sont victimes de vols. Souvent asiatiques, ils ont l’habitude de garder sur eux des sommes importantes en espèces. Ils ne portent pas toujours plainte au commissariat et se contentent de signaler le méfait à l’accueil du musée. Les plaintes pour vol recensées ne reflètent donc pas la réalité de la situation, et peu d’interpellations ont des conséquences judiciaires. Les voleurs sont souvent mineurs, ou du moins le prétendent. Au-dessous de 13 ans, impossible de les poursuivre.

A la suite de la journée du 10 avril 2013, une vingtaine de policiers ont surveillé les abords et l’entrée du musée. « Ce dispositif doit être pérennisé », ont demandé conjointement syndicats et direction. Pour l’administrateur général du Louvre, qui dit avoir fait de ce dossier sa priorité, il faut « accompagner » les agents, par le biais de formations, et réfléchir à une organisation différente, « peut-être en faisant travailler les agents de façon moins isolée. » En accord avec le parquet, des mesures d’interdiction temporaire d’entrée ont été appliquées aux personnes raccompagnées de manière répétée à la sortie pour non respect du règlement.
Depuis avril 2013, la préfecture de police de Paris a déployé 200 policiers supplémentaires sur les zones touristiques les plus touchées de Paris. L’augmentation des patrouilles de police, la présence de policiers roumains, la sécurisation des points de dépose des touristes voyageant par autocar ou Roissy-Bus ainsi que la coopération avec les hôteliers et les commerçants ont permis de diminuer un peu le nombre de victimes, sur l’ensemble des zones touristiques de Paris. Au Louvre, les plaintes auraient fortement baissé.

Mais on ne s’est pas attaqué à la racine du mal. D’après la secrétaire de la section CGT, citée par Le Monde,  » quand on met quelqu’un dehors, il peut revenir un quart d’heure plus tard. Dans ces conditions, à quoi bon aller passer une demi-journée au commissariat pour signaler une agression ?… Les agents ont besoin d’une assise juridique pour leur tranquillité. Il n’est pas normal qu’un voleur pris en flagrant délit mis à la porte du musée par un agent revienne quelques minutes plus tard parce que son billet est valable toute la journée. »

Espérons que cette situation ne préfigure pas celle de la France dans son ensemble, qui doit éviter le destin d’un pays-musée impuissant entre culture et délinquance.

Dominique Thiébaut Lemaire

Billet: été en Bretagne

L’or et le bleu rayonnent sur la plage
Et sans nuage une rêverie plane
La saison peint ses couleurs en aplats

Sauf le soleil il n’est rien qui surplombe
Cette journée rien dans l’ombre ne plonge
Un grand beau temps s’installe avec aplomb

Dans cette baie qui abrite les plantes
Nageur l’été le surfeur fait la planche
La brise est douce et la vague est en plan

Bien tempérés ce sont des jours qui plaisent
Hôtellerie et crêperies sont pleines
Pour le mois d’août le bonheur est complet

Lorsque la terre et la mer sont complices
Et que l’horaire admet l’indiscipline
Sous l’azur clair qui ne fait pas un pli

***

Comme l’indiquent les bilans de l’été 2013 publiés sur internet par Météo France et par La Chaîne Info, après un mois de juin très frais et peu ensoleillé, l’été s’est rattrapé en juillet et août (troisième mois de juillet le plus chaud depuis 1900, après 2006 et 1983).

Les hautes pressions du fameux anticyclone des Açores se sont maintenus tout au long de juillet sur la France, garantissant chaleur et soleil (+ 1,9°C par rapport aux normales en ce qui concerne les températures et + 20 % en ce qui concerne l’ensoleillement), avec toutefois de forts orages. Si, au cours de ce mois, aucun record de chaleur absolu n’a été enregistré (35°C à Paris contre près de 40°C en août 2003), une vague de chaleur s’est produite du 15 au 27 juillet, d’intensité relativement modérée, mais qui a duré treize jours, ce qui la situe parmi les événements de ce type les plus longs sur l’ensemble de l’historique disponible (depuis 1947). A Paris, on a dénombré 7 journées d’affilée (du 17 au 23 juillet) où la température a atteint ou dépassé 30°C, ce qui n’était plus arrivé depuis juillet 2006, dernière vague de chaleur en date avant celle de cette année. Depuis 1991, début des mesures par capteur électronique, juillet 2013 a été le mois de juillet le plus ensoleillé.

Au mois d’août, les conditions sont restées excellentes, avec un soleil globalement généreux (+11%) et des températures légèrement supérieures aux moyennes saisonnières (+0,2°C). L’excédent d’ensoleillement a dépassé 20 % de la Basse-Normandie au sud de la Bretagne et à la région Poitou-Charentes. Contrairement à l’été 2006 et à celui de 1983 où après la chaleur de juillet, le mois d’août avait été frais et humide, un tel contraste ne s’est pas produit cette année, d’où un important déficit de pluies (-25% à l’échelle nationale, -60 % voire plus en Basse Normandie, en Bretagne, dans les pays de la Loire). Quelques orages ont tout de même éclaté, notamment entre les 6 et 9 août dans le Sud-est; et de fortes pluies se sont abattues entre la Picardie, le nord de l’Île-de-France et la Haute-Normandie les 7 et 8 et surtout les 24 et 25 août dernier où la température est devenue très provisoirement automnale.

Cet été 2013 restera dans les annales comme le plus « estival » depuis celui de 2003, qui avait culminé en août avec une canicule historique. Avant l’été, la presse avait pourtant cité des prévisionnistes annonçant un été maussade, en se fondant sur l’idée (mais est-elle confirmée par des statistiques ?) selon laquelle, après un printemps frais, il est rare d’avoir un bel été.

Le site internet de Météo France présente une mise au point sur les limites de la prévision saisonnière qui consiste à prévoir la moyenne trimestrielle (température, précipitations) pour les mois à venir, à l’échelle d’une zone comme la France.
Il ne s’agit pas de prévisions classiques (limitées à 7 jours) décrivant dans le détail des situations météorologiques : le type de temps, la température minimale et maximale, la force et la direction du vent. La prévision saisonnière exprime seulement le plus probable parmi trois scénarios: proche, en dessous ou au-dessus de la moyenne. Ce qui donne pour la température « chaud », « normal » ou «froid », et pour les précipitations, « humide », « normal » ou «sec».
Les performances de ces prévisions sont très variables selon le lieu, la saison et le paramètre météorologique concerné. Elles sont meilleures pour la température que pour les précipitations, et pour la température, meilleures en hiver qu’en été. Elles sont très « informatives » dans la ceinture inter-tropicale, sur le pourtour du Pacifique. En revanche, la prévisibilité de la température en Europe de l’Ouest reste faible, ce qui est dû aux caractéristiques de la circulation générale de l’atmosphère au-dessus de l’atlantique aux latitudes tempérées.

Cela dit, on aura beau affiner les chiffres, la perception du temps qu’il fait restera très diverse selon les individus et leurs conditions de vie. Selon que les locaux où l’on se trouve sont bien ou mal climatisés ou chauffés, selon qu’on travaille ou que l’on est en vacances. Pour ma part, à Paris, je suis toujours agacé, prêt à « zapper », quand je vois à la télévision les présentateurs ou présentatrices de la météo prendre des airs réjouis de circonstance dès que la température dépasse 25 C, seuil à partir duquel les immeubles, les espaces publics, les transports en commun commencent à surchauffer désagréablement comme des radiateurs à accumulation. Ce phénomène ne peut que s’accentuer à l’avenir, si l’on continue, à Paris et ailleurs, à bétonner et à recouvrir tous les espaces publics de ces dallages en pierre épaisse et moche, importée d’on ne sait où (de Chine ?), trop chaude l’été, trop froide l’hiver, qui semble être actuellement le fin du fin de l’aménagement urbain, transformant les places en lieux où « la nature a horreur du vide ». Je pense alors au sable d’une  plage.

Dominique Thiébaut Lemaire