Une famille vosgienne dans les guerres des 19e et 20e siècles. Par Dominique Thiébaut Lemaire

Cet article a été repris au chapitre premier du livre de Dominique Thiébaut Lemaire intitulé Quatre familles dans les guerres, publié aux éditions Le Scribe L’Harmattan (Paris 2014).
Il évoque les répercussions des guerres des XIXe et XXe siècles sur l’histoire des Lemaire de La Bresse (Vosges), originaires de la même commune que les ascendants paternels de la sculptrice Camille Claudel et de l’écrivain Paul Claudel.
Les liens entre les Lemaire et les Claudel ont été présentés en annexe de l’article de Libres Feuillets intitulé : « Camille et Paul Claudel : leurs attaches vosgiennes ».

Le lecteur qui ne souhaite pas entrer dans les détails pourra se contenter de lire le résumé suivant en italiques.

 RESUME GEOGRAPHIQUE, ECONOMIQUE ET HISTORIQUE

 L’environnement vosgien (géographie et économie)

La commune de La Bresse (5655 habitants en 1911, 4728 habitants en 2006) est située dans la partie amont de la vallée de la Moselotte qui rejoint la Moselle à Remiremont. Sur son territoire se trouve le Hohneck (1363 m), point culminant de la Lorraine. Le plus haut sommet du massif des Vosges étant le Grand Ballon (1424 m) dans le département du Haut-Rhin.

Jusqu’à la fin du 18ème siècle, La Bresse, qui avait réussi à garder ses anciennes institutions de « petite république » (élection annuelle du maire, tribunal…), avait pour ressources l’élevage sur les hautes prairies de la montagne vosgienne appelées chaumes; la production et la vente des fromages (les fromagers étaient appelés « marcaires »); et l’exploitation des forêts. Les notables locaux, occupant les postes des institutions communales de l’Ancien Régime puis des institutions créées par la Révolution, étaient principalement les marchands qui avaient prospéré grâce à une exonération de droits octroyée depuis le Moyen-Age, faisant de ce lieu une sorte de zone franche entre la Lorraine, l’Alsace et la Bourgogne. Les marchands, catégorie à laquelle appartenait la lignée des Lemaire, avaient développé un commerce qui assurait à cette communauté comme à celle de Gérardmer un niveau de richesse appréciable dans cet environnement montagneux. Par des chemins difficiles mais fréquentés, ils allaient vendre dans les régions voisines (y compris à la fin du 19ème siècle en Alsace devenue allemande) les produits vosgiens – tissus, bois et articles de bois, fromages en gros du genre Géromé ou Munster – et en rapportaient ce que les hautes Vosges ne produisaient pas, vin, eau-de-vie, céréales…

A la fin du 18ème siècle l’activité de filature et de tissage a commencé à se développer  à grande échelle, à partir d’une matière première qui n’était plus le lin, mais le coton importé du « Levant » et d’Amérique, transformé par la main d’œuvre paysanne qui avait l’habitude de cette activité en hiver. Puis l’emploi de machines textiles dès 1825-1830, installées par des habitants entreprenants disposant d’un minimum de capitaux complétés par des apports financiers et techniques alsaciens et même suisses, a été favorisé par l’abondante force motrice des cours d’eau sur lesquels étaient installés depuis longtemps de nombreux moulins assez facilement reconvertis en moteurs hydrauliques pour les usines. Les Vosges sont ainsi devenus un centre important de l’industrie cotonnière, de 1850 à 2000.

A la fin du 20e siècle, le déclin du textile a été compensé par le développement des sports d’hiver à La Bresse, qui est ainsi devenue, avec Gérardmer, la principale station touristique des Vosges.

Les guerres des 19ème et 20ème siècles, du point de vue de cette famille

Les Lemaire ont subi les effets des guerres en tant que combattants, mais aussi en tant que responsables locaux obligés de faire face à des situations parfois dramatiques pour la population et pour eux-mêmes.

Leur région, comme d’autres, a connu les enrôlements en masse lors des guerres napoléoniennes, mais il ne semble pas que les Lemaire en aient gravement souffert dans la mesure où ils n’y ont pas été tués ni blessés. A la chute du Premier Empire, le maire de La Bresse était Etienne Aubert, et l’adjoint du maire était Laurent Aubert, frère d’Etienne: Laurent Aubert étant le beau-père de Dominique Lemaire (1784-1850) : voir plus loin.

55 ans après la chute du Premier Empire, la chute du Second Empire a été marquée par la guerre de 1870, par l’annexion allemande de l’Alsace-Lorraine (ou Alsace-Moselle), et par l’occupation prussienne temporaire de la partie de la Lorraine restée française, dont les Vosges. Au cours de cette occupation, le maire de La Bresse, Joseph Lemaire, fils de Dominique Lemaire (1784-1850), a pu échapper à l’occupant qui le recherchait. De son côté, Constant Lemaire, fils de Joseph, a pris part à la guerre où il a reçu une blessure qui l’a laissé partiellement invalide.

Fils de Constant, Eugène Lemaire a fait la guerre de 1914-1918, qui a eu pour résultat, comme on le sait, la réintégration en France de l’Alsace-Lorraine. Il n’a eu « ni blessure, ni citation, ni décoration », selon ses propres termes, dans une réponse à une demande de renseignements envoyée par les autorités militaires dans les années 1920.
Mais un de ses cousins germains, Paulin Lemaire, sergent d’infanterie, atteint de nombreux éclats d’obus, est mort le 14 septembre 1918 à l’hôpital de Beauvais.

En 1939-1940, deux fils d’Eugène Lemaire ont été mobilisés: Jean, sous-lieutenant d’artillerie, fait prisonnier par un char allemand, et Michel, adjudant-chef des Chasseurs alpins, qui a pu regagner La Bresse par la suite. Michel Lemaire a été fusillé par les Allemands en 1944 comme maquisard, dans cette région des hautes Vosges qui a beaucoup plus souffert à l’extrême fin de la guerre que pendant les années précédentes.

Eugène Lemaire, maire de La Bresse de 1945 à 1953, a dû faire face aux graves difficultés de l’après-guerre comme son aïeul Joseph Lemaire, maire de 1870 à 1876, avait dû gérer les conséquences de la guerre franco-allemande de 1870-1871.

LES GENERATIONS SUCCESSIVES ET LEUR RAPPORT A LA GUERRE

S’agissant d’une histoire centrée sur les aspects masculins de la guerre, il est question ici principalement d’une filiation de père en fils. L’abréviation LB désigne La Bresse.

Dominique Lemaire (1784-1850)

Fils de Dominique Lemaire, marchand, et de Barbe Perrin, Dominique Lemaire (LB 26 mai 1784-LB 2 février 1850), cultivateur, boucher, négociant, frère de négociants, s’est marié à La Bresse le 20 septembre 1809 avec Jeanne Hélène Aubert (LB 11 janvier 1786-LB 12 juillet 1839). L’un des témoins de la mariée a été son grand-père maternel Joseph Chalon, âgé de 76 ans, rentier, par ailleurs arrière-grand-père du père de l’écrivain Paul Claudel.

Cette famille Aubert (voir l’annexe) est issue de Nicolas Aubert, marchand, maire de La Bresse en 1776, qui s’est marié en 1745 avec Anne Marion. De ce mariage sont nés les frères:
–   Laurent Aubert, beau-père de Dominique Lemaire (1784-1850), et grand-père maternel de Joseph Lemaire, négociant, maire de La Bresse de 1870 à 1876;
–   Etienne Aubert, maire de La Bresse de 1811 à 1815, grand-père paternel de Marie Anne Aubert, épouse de Joseph Lemaire.
Nicolas Aubert est donc un arrière-grand-père à la fois de Joseph Lemaire (par Laurent Aubert) et de l’épouse de Joseph Lemaire (par Etienne Aubert).
Comme leur père Dominique, Joseph Lemaire et son frère Louis se sont mariés avec une Aubert. Ils ont épousé deux sœurs qui étaient en même temps leurs cousines (issues de germains).

Les Aubert étaient, semble-t-il, des partisans convaincus de Napoléon, comme tendent à le montrer:
–         Le mandat de maire d’Etienne Aubert à une époque où l’empereur perdait le soutien de ses partisans les plus  tièdes ;
–         la médaille de Sainte-Hélène décernée à Joseph Aubert (1791-1870), fils de Laurent Aubert et d’Hélène Chalon; cette décoration a été donnée en 1857 aux 390.000 soldats encore vivants de Napoléon 1er ; Joseph Aubert l’a reçue en tant que fourrier (sous-officier chargé de l’intendance) au 13ème bataillon des Vosges ;
–         En ce qui concerne la descendance de Laurent Aubert: le nom de « Laurent Joseph Napoléon » donné en 1813 au fils de son fils Laurent Aubert (LB 1787-LB 1823); par la suite, le nom de « Charles Louis Napoléon » Lemaire donné en 1848 à son arrière-petit-fils, neveu de Joseph Lemaire qui suit.

Joseph Lemaire (1818-1898)

Dominique Lemaire et Jeanne Hélène Aubert ont eu huit enfants, dont trois fils :
– Dominique (LB 7 novembre 1810-Remiremont 16 octobre 1871), cafetier et débitant en 1842, négociant à son décès, qui a rendu hommage à sa manière au futur Napoléon III en donnant les prénoms de « Charles Louis Napoléon » à son fils né à La Bresse le 26 décembre 1848, décédé à Lyon le 20 novembre 1870 (l’acte de décès, transcrit sur les registres d’état-civil de La Bresse à la date du 24 décembre 1873, indique qu’il était sergent major);
–   Joseph (LB 5 mai 1818-LB 16 octobre 1898) : voir ci-dessous ;
–   Louis (LB 26 avril 1821-LB 12 août 1892) qui s’est marié à La Bresse en 1858 avec Marie Anne Aubert (LB 9 mai 1827-LB 1899), sœur de l’épouse de Joseph Lemaire; Louis Lemaire a été boulanger, cafetier, négociant.

Joseph Lemaire s’est marié à La Bresse le 25 janvier 1842 devant le maire de La Bresse qui était alors le manufacturier du textile Valentin Abel, avec sa petite-cousine Marie Anne Aubert (LB 16 août 1820/acte du 17 août-LB 15 septembre 1883), fromagère à la date de son mariage.

D’après les actes d’état civil, il a été cultivateur, marchand, négociant; et (dans les années 1880) fabricant de tuiles sans succès financier.
Il a acquis en 1855 une brasserie créée à La Bresse (Grande  rue) par Nicolas Abel en l’an III.
C’est probablement lui qui a fondé la société « Lemaire père et fils à La Bresse, liquides et fromages » dont la création en 1878 a été enregistrée au greffe de la justice de paix (canton de Saulxures-sur-Moselotte).
Marchand, fils et petit-fils de marchands, il s’inscrit dans la tradition des négociants de cette commune située au point de jonction entre la Lorraine, l’Alsace et la Bourgogne. L’une des stratégies de ces marchands consistait à unir la production et le commerce, notamment en s’alliant par mariage avec des familles de fromagers.
Ils ajoutaient à leurs activités le transport pour le compte de tiers, encore qu’au 19ème siècle les manufacturiers du textile aient développé leurs propres moyens de transport.

Joseph Lemaire a été maire de La Bresse, du 13 octobre 1870 au 7 octobre 1876. Son épouse et lui avaient derrière eux une succession d’ascendants ayant été maires de cette commune, y compris sous l’Ancien Régime.
Devenu maire après le désastre de Sedan le 2 septembre 1870 et la proclamation de la République le 4 septembre, il ne semble pas avoir été suspecté de collusion avec le régime du Second Empire, malgré :
–          les antécédents napoléoniens de sa famille;
–       le bonapartisme affiché de son frère aîné, qui a donné à son fils les prénoms de « Charles Louis Napoléon »;
–      la fonction d’adjoint au maire exercée sous le Second Empire par Jean Nicolas Aubert, frère de son épouse Marie Anne Aubert…
Joseph Lemaire a vécu des moments difficiles lors de l’occupation allemande, qui a duré jusqu’à la mi-1873 dans les Vosges. Dans un article intitulé « Saint-Laurent de La Bresse », paru dans la revue Le Pays lorrain (4ème année, 1907, page 18), que l’on peut consulter sur le site internet Gallica de la Bibliothèque Nationale de France, Ch. Pierfitte raconte à ce sujet l’anecdote suivante :
«  Pendant la guerre, les maires n’étaient pas à la noce; c’était à eux de pourvoir aux réquisitions prussiennes, et souvent ils répondaient sur leur tête des faits et gestes de leurs subordonnés.
« C’est pour échapper à une responsabilité de cette sorte que le maire de la Bresse s’était caché dans son grenier, au beau milieu du tas de foin, de sorte que les Prussiens pouvaient à leur aise larder le « tessou » sans que les baïonnettes atteignent Joseph Lemaire, plus connu sous le nom de Dèdè Minique (note de l’auteur du présent article : Dédè Minique signifie Joseph fils de Dominique).
« Tous les jours on lui portait à manger dans sa cachette, dont on refermait l’orifice. Sa réclusion durait depuis 15 à 20 jours quand on vint lui annoncer le départ des Prussiens. »

Les fils de Joseph Lemaire, dont Constant Lemaire (1842-1898)

Joseph Lemaire a eu cinq filles, et quatre fils, dont le dernier est mort presque à la naissance. Les trois autres fils sont : Stanislas, Constant et Ernest.

Stanislas (Joseph Stanislas) Lemaire (LB 29 octobre 1842-LB 2 août 1899/acte du 3), voiturier, fromager, cultivateur, négociant, marchand de fromages en gros, a suivi les traces de son père en devenant premier adjoint au maire à partir de 1892 au moins, et jusqu’à son décès à 56 ans. Son épouse Marie Agathe Vaxelaire (LB 10 février 1841-LB 1905) avec laquelle il s’est marié le 24 février 1867 était cultivatrice et fromagère, fille et sœur de fromagers, par la suite négociante.

Constant (Joseph Louis Constant) Lemaire (LB 15 avril 1845-LB 15 janvier 1898) est présenté plus loin après son frère Ernest.

Ernest (Joseph Louis Ernest) Lemaire (LB 22 septembre 1850-LB 26 avril 1908), voiturier, négociant, cultivateur, s’est marié à La Bresse le 19 août 1879 avec Clémentine (Marie Justine Clémentine) Aubert (LB 15 janvier 1851-LB 19 juillet 1897), marchande (sœur de Nicolas Ernest Aubert, boulanger, et de Just(e) Laurent Aubert, débitant de boissons).
Comme son grand-père Dominique et son père Joseph, Ernest Lemaire a épousé une Aubert : sa femme et lui ayant comme ancêtres communs les époux Nicolas Aubert et Marie Anne Marion (voir l’annexe).
Ernest Lemaire et Clémentine Aubert ont eu trois enfants. L’aîné, Paulin (Joseph Constant Paulin) Lemaire (LB 19 septembre 1879-Beauvais 14 septembre 1918), contremaître de filature, s’est marié à La Bresse le 4 juin 1906 avec Marie Amélie Caël (Saint-Etienne-lès-Remiremont 8 novembre 1881-Cornimont 16 novembre 1953), tisserande puis employée communale.
Paulin Lemaire, père de deux enfants, sergent au 171ème régiment d’infanterie pendant la guerre de 1914-1918, atteint de nombreux éclats d’obus sur la Somme le 4 septembre 1918, est mort de ses blessures le 14 septembre 1918 à l’hôpital militaire de Beauvais.

Revenons à Constant Lemaire (LB 15 avril 1845-LB 15 janvier 1898). Celui-ci, deuxième enfant et deuxième fils de Joseph Lemaire, a participé à la guerre de 1870 comme soldat de la garde nationale mobile des Vosges. Blessé au bras à la bataille de Villersexel, il a bénéficié après un an de services d’une pension de l’Etat à vie pour cause de blessure.
Voiturier, marchand en famille, négociant, il faisait commerce de fromages qu’il allait livrer notamment en Alsace en grands chariots attelés. D’après son fils Eugène, ce métier lui pesait. Il redoutait les incidents qui pouvaient survenir sur les routes (comme celui qui s’est produit près de l’asile de Rouffach en Alsace lorsqu’il a été agressé par un fou). Toujours selon son fils, il faisait des cauchemars: peut-être une séquelle de la guerre de 1870, ou du choc causé par les décès de ses épouses, la première morte à 37 ans, la seconde à 32 ans.
Il s’est marié à La Bresse en secondes noces le 29 décembre 1885 avec Pauline (Marie Pauline Virginie) Jeangeorge (LB 16 octobre 1858-LB 3 mars 1891), deuxième des onze enfants nés du mariage à La Bresse le 3 septembre 1856 des manufacturiers du textile Eugène Jeangeorge (LB 15 mars 1824-LB 5 novembre 1885) et Agathe Pierrel (LB 3 août 1833-LB 14 septembre 1903).
La famille Jeangeorge a fondé à La Bresse deux entreprises textiles, dont l’une existe encore en 2012 sous le nom de « Tissus Gisèle », devenue filiale de l’un des derniers groupes textiles des Vosges, dirigé par la famille Vandamme qui possède aussi la société « Filatures et tissages de Saulxures » en aval de La Bresse à Saulxures-sur-Moselotte.

Eugène Lemaire (1888-1968)

Fils de Constant Lemaire et de Pauline Jeangeorge, Eugène Lemaire (LB 19 juillet 1888-LB 4 août 1968), orphelin de mère à 3 ans, et de père à 9 ans, a eu pour tuteur son oncle maternel Romary Jeangeorge (fondateur des « Etablissements Romary Jeangeorge », tissage aujourd’hui disparu).  Il a fait ses études notamment à l’école industrielle du collège de Schwyz en Suisse, et obtenu le diplôme de l’école pratique de commerce d’Epinal. Petit-fils d’industriels, il a épousé la fille d’un ancien ouvrier. Après son service militaire effectué de 1908 à 1911, il s’est marié à La Bresse le 9 janvier 1912 avec Marie Angèle Ehlinger (LB 8 février 1893-LB 18 janvier 1959), fille de Félicien Ehlinger, cafetier-épicier, d’une famille d’ouvriers du textile originaires de la vallée de Thann ayant épousé des filles de cultivateurs et fromagers des chaumes de La Bresse.

En 1914, Eugène Lemaire était père de deux enfants, et bientôt d’un troisième, mais cette situation familiale ne lui donnait pas droit à un régime spécial. Comme le rappelait son livret militaire, les dispositions de la loi du 21 mars 1905 sur le recrutement de l’armée, et notamment celles de l’article 48, ne privilégiaient que les pères de plus de trois enfants : les réservistes pères d’au moins quatre enfants vivants passaient de l’armée active dans l’armée territoriale, et les pères d’au moins six enfants vivants dans la réserve de l’armée territoriale.
Mobilisé dans la nuit du 31 juillet 1914, il rejoint le 1er août au matin la caserne de Remiremont comme commis au service de la sous-intendance militaire de la 41ème division jusqu’en février 1917. Puis il est versé au 130ème régiment d’infanterie 37ème compagnie (camp d’instruction de Lirey près de Troyes), et envoyé en renfort fin mai 1917 à la 123ème division (403ème régiment d’infanterie 6ème compagnie commandée par le lieutenant Huet) jusqu’en décembre 1918. Il a participé, semble-t-il, aux combats du Chemin des Dames et aux batailles de la Somme. C’est probablement de cette époque que datent des expressions ironiques reprises par son fils Jean: « Attaquons comme la lune » et : « C’est le chien de Jean de Nivelle qui s’enfuit quand on l’appelle » (allusion à un personnage qui, sommé par son père de venir servir Louis XI contre le duc de Bourgogne, n’en tint aucun compte et fut traité de chien par son père. Les soldats de 1914-1918 durent se faire un plaisir d’appliquer cette expression au général Nivelle relevé de ses fonctions pour avoir lancé en avril 1917 l’offensive malheureuse du Chemin des Dames). Au moment de l’armistice, le 11 novembre 1918, Eugène Lemaire, d’après le discours prononcé à son enterrement, se trouvait avec son unité à quelques kilomètres de Mézières et aurait fait alors partie de la 151ème D.I. sous le commandement du général Biesse (époux d’une « héritière de Georges Perrin », de la famille des industriels du textile établis à Cornimont). Mais les documents militaires retrouvés par l’auteur du présent article ne font référence qu’à la 123ème division. En décembre 1918, Eugène Lemaire est affecté comme commis à la sous-intendance militaire de cette 123ème division à Vittel. Atteint par la grippe au début de 1919, il est hospitalisé trois semaines à l’hôpital de Luxeuil les Bains pour une broncho-pneumonie grippale, et passe un mois en convalescence à La Bresse. Il est enfin renvoyé dans ses foyers par anticipation au début d’avril 1919 comme père de trois enfants.

Après cette guerre de 1914-1918, pendant laquelle il est resté soldat de 2ème classe, Eugène Lemaire est devenu chef comptable et fondé de pouvoirs à la banque « Les neveux d’Abraham Lévy » à Sarrebourg. En 1940, expulsé de Moselle par les Allemands, il a résidé en « zone libre » à Chambéry, avant de pouvoir revenir dans les Vosges. En 1940, son fils Jean a été fait prisonnier. En septembre 1944, Michel son deuxième fils a été fusillé par les Allemands après avoir participé à un maquis près de La Bresse.
Les Allemands ayant décidé de préserver seulement quelques maisons de la commune au lieudit où habitait Eugène Lemaire dans la vallée du Chajoux, pour y rassembler des habitants non évacués, Eugène Lemaire, qui parlait allemand, a pu négocier un élargissement du périmètre sauvegardé, et s’est impliqué dans le ravitaillement des habitants, tandis que le reste de la commune était détruit.
Les 9 et 10 novembre 1944, la population évacuée par la montagne enneigée a pu gagner péniblement les lignes françaises à Cornimont. Mais 400 hommes – dont Gérard Ehlinger (1927-2009), cousin germain de Jean et Michel Lemaire – ont été déportés en Allemagne, à Pforzheim, où une vingtaine d’entre eux ont été tués sous les bombes incendiaires lors d’un bombardement allié dévastateur le 23 février 1945. Gérard Ehlinger en a réchappé, en sortant d’une cave dont une partie de l’escalier dégoulinait de phosphore en feu quand il est sorti pour se plonger dans l’eau.

A la suite des élections municipales de la Libération, Eugène Lemaire est devenu maire de La Bresse le 27 mai 1945, et il a assumé cette fonction jusqu’en 1953, gérant les graves difficultés de l’après-guerre comme son grand-père Joseph Lemaire avait géré celles des années suivant la guerre de 1870.

Les fils d’Eugène Lemaire

Eugène Lemaire et sa femme Angèle Ehlinger ont eu deux filles et trois fils, dont deux (Michel et Jean) ont été impliqués dans la guerre de 1939-1945, et sont présentés ci-dessous dans l’ordre inverse des naissances.

Michel (Michel Marcel) Lemaire est né le 10 mai 1919 à La Bresse. Il a été baptisé le 15 mai 1919. Adjudant-chef des Chasseurs alpins en 1939-1940, il était agent vérificateur à l’Office des céréales à la date de son mariage à La Bresse, le 19 janvier 1944, avec Isabelle (Isabelle Marie Ernestine) Arnould (LB 16 avril 1922-LB ou Remiremont 2007). Fusillé par les Allemands le 21 septembre 1944 à La Bresse pour avoir participé au maquis de la Piquante Pierre, dont le monument aux morts porte 83 noms, il a été fait chevalier de la légion d’honneur à titre posthume.

Jean (Jean Paul) Lemaire (LB 29 septembre 1912-Paris 13ème 5 décembre 1991) a été baptisé le 3 octobre 1912. D’après le peu qu’il a écrit sur lui-même, ses parents, dans son enfance, n’étaient pas pratiquants. Selon lui, c’est à la mort de son frère Claude (1921-1934) qu’ils seraient revenus à la foi.
Il a vécu jusqu’à l’âge de 9 ans à La Bresse, où il fréquentait l’école laïque (alors que son grand-père Constant avait contribué au financement de l’école catholique). A l’époque, la guerre des écoles sévissait à La Bresse. D’après Michel Ehlinger, cousin germain de Jean Lemaire et par la suite directeur de l’école publique communale, les élèves de celle-ci, encore minoritaires après 1945, ne pouvaient passer devant l’école privée sans risquer d’être atteints par des jets de pierres. Jean Lemaire a passé le reste de son enfance et son adolescence à Sarrebourg où était employé son père. Il a poursuivi ses études au collège de cette ville jusqu’au baccalauréat de mathématiques élémentaires obtenu à la suite de l’année scolaire 1930-1931. Entré en mathématiques supérieures au lycée de Metz, où la bourse d’études sollicitée ne lui a pas été accordée, il a été découragé par la sévérité de la notation et n’a pas voulu continuer dans la filière des classes préparatoires.
Etudiant à l’université de Strasbourg à partir de l’année universitaire novembre 1932-juillet 1933, logé au Foyer des étudiants catholiques, il a été dispensé de droits universitaires cette année-là. Admis dans un peloton d’élèves sous-officiers de réserve, il a été nommé brigadier-chef après 5 mois de services (Journal Officiel du 14.9.1934). Son sursis pour études ayant été renouvelé trois fois pour un an d’octobre 1934 à octobre 1937, il a obtenu la licence de sciences physiques en 1937.
Incorporé en novembre 1937, il a suivi les cours de l’Ecole Militaire d’Artillerie de Poitiers. Promu sous-lieutenant de réserve, renvoyé dans ses foyers en octobre 1938, il a enseigné de novembre 1938 à février 1939 au lycée de garçons de Metz comme professeur adjoint, délégué rectoral, mais l’armée l’a re-convoqué rapidement, le 22 mars 1939, au 73ème RA stationné à Lunéville.
C’est alors la guerre, et l’expérience dramatique d’un régiment d’artillerie à cheval contre des divisions blindées. Le 14 juin 1940, Jean Lemaire est pris par un char allemand à Saint-Saturnin (Haute-Marne). Prisonnier cinq ans dans le camp d’officiers Oflag II D-II B (sur la couverture d’un Don Quichotte qu’il a commandé en France et rapporté en 1945, il est indiqué: Oflag II B, Bloc 2, Stube 226), il a subi la rudesse du climat de Poméranie et une captivité devenue beaucoup plus contraignante lorsqu’un capitaine futur général s’est évadé au début de 1941, à l’occasion d’une sortie dont pouvaient bénéficier ceux qui avaient donné leur parole d’honneur de ne pas s’enfuir. A la fin de la guerre, cet Oflag (dont Jean Lemaire indiqué la situation géographique à sa famille en parlant des « pommes de la mère Annie » dans son courrier soumis à la censure) est évacué par les Allemands devant l’avance russe. Les prisonniers doivent effectuer quarante jours de marches épuisantes à travers l’Allemagne aux abois, jusqu’à l’Oflag VI A de Soest en Westphalie. Jean Lemaire y est libéré par l’armée américaine. Sorti du camp le 6 avril 1945, il est démobilisé le 26 avril 1945. Décoré de la croix de guerre avec étoile de bronze, cité à l’ordre du régiment (n°1552/C du 10.6.1943), lieutenant de réserve le 1.7.1942, il a été promu capitaine de réserve à partir du 1.4.1953 par décret du 11.8.1953 (Journal Officiel du 15.8.1953), puis rayé des cadres à compter du 15 octobre 1961.

Nommé à partir du 1er octobre 1945 professeur de sciences physiques à une quarantaine de km de La Bresse au collège de Thann (Haut-Rhin), devenu par la suite lycée, décoré des palmes académiques, il est resté dans cet établissement jusqu’à sa retraite en 1973. Il a obtenu ensuite, de même que sa femme, une licence de théologie à l’université de Strasbourg. Il s’est marié à Thann le 20 mai 1947 avec Monique (Monique Catherine Marguerite) Hillenweck (Thann 23 avril 1924-Thann 27 janvier 1983), fille de Thiébaut Hillenweck (Thann 2 août 1894-Thann 16 septembre 1971) et d’Emma Greder (Hégenheim 29 mars 1902-Thann 22 juillet 1991), papetiers-libraires et débitants de tabac. Le mariage religieux a été célébré dans la collégiale de Thann par André Bontems (Plombières 14 mai 1910-Saint-Dié 3 mars 1988), futur archevêque de Chambéry, cousin germain d’Eugène Lemaire, petit-fils comme lui des industriels du textile Eugène Jeangeorge et Agathe Pierrel.
Du mariage entre Jean Lemaire et Monique Hillenweck est né à Thann le 22 février 1948 l’auteur du présent article.

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Peut-on donner une conclusion à cette histoire, qui a été faite de bruit et de fureur bien que ceux qui l’ont vécue aient profondément aspiré à la paix?
Disons seulement que, sur une très longue durée, ces guerres, qu’il ne faut pas considérer chacune isolément, n’ont été que les épisodes d’une série, où l’expérience  militaire des pères a influé sur celle des fils.
Les générations successives de cette famille, comme de beaucoup d’autres, se sont trouvées impliquées dans un enchaînement destructeur qu’elles ont été contraintes d’affronter et de prendre au tragique par la force des choses, en dépit des exclamations futiles du genre : « Quelle connerie la guerre » (Prévert).
Aujourd’hui, espérons que les affrontements économiques ne deviendront pas, de manière croissante, la continuation ou la reprise de la guerre par d’autres moyens.

Dominique Thiébaut Lemaire

 

ANNEXE : QUELQUES DONNEES DETAILLEES SUR LES LEMAIRE-AUBERT

La généalogie connue des Lemaire commence à Cornimont où ils s’appelaient Didierlemaire avant que leur nom ne soit abrégé au 18e siècle (le signe x désignant le mariage, et LB désignant La Bresse):
–   Jacques Didierlemaire x Marie Thimont (de Cornimont, commune voisine de La Bresse), parents de :
–    Claude Didierlemaire (Cornimont 1709-LB 1765) x Marie Anne Claudel (LB 1716-LB 1781), parents de :
–     Dominique Lemaire (LB 1747-LB 1792) x Barbe Perrin (LB1747-LB 1816), parents de :
–     Dominique Lemaire (LB 1784-LB 1850) x LB 1809 Jeanne Hélène Aubert (LB 1786-LB 1839).

Toutes les personnes suivantes mentionnées dans cette annexe sont nées, se sont mariées et sont mortes à La Bresse.

Les frères Laurent et Etienne Aubert

Nicolas Aubert (17 mai 1723-4 novembre 1791), marchand, a été maire de La Bresse en 1776. Il s’est marié le 22 février 1745 avec Anne Marion (29 juin 1725-26 janvier 1797). De ce mariage sont nés les frères Laurent et Etienne Aubert, grands-pères respectivement:
–  de Joseph Lemaire, négociant, maire de La Bresse de 1870 à 1876;
–  et de Marie Anne Aubert, épouse de Joseph Lemaire.

Au mariage en 1809 de Dominique Lemaire (père de Joseph Lemaire) avec Jeanne Hélène Aubert, l’officier d’état civil, adjoint au maire, a été le père de l’épouse, Laurent Aubert (19 septembre 1762-3 octobre 1834/acte du 4 octobre), qui s’est marié le 31 janvier 1785 avec Hélène Chalon (31 mai 1761-30 janvier 1825), fille de Joseph Chalon et de Marie Anne Claudel. Laurent Aubert, débitant de boissons vers 1790, négociant en 1792, agent municipal chargé de la gestion de la commune de l’an IV à l’an V, a été adjoint au maire sous le Consulat et l’Empire de 1802 à 1815. Dans les trente premières années du 19e siècle, les actes d’état civil le présentent comme marchand, propriétaire, marcaire, et enfin rentier.

Frère de Laurent Aubert, le marchand Etienne Aubert (22 décembre 1764-30 janvier 1831) a été maire de La Bresse du 2 décembre 1811 à 1815. Il s’est marié le 13 février 1792 avec Anne Claudel (25 juillet 1773-21 avril 1827) petite-fille de Dominique Nicolas Claudel (1693-1783), maire de La Bresse en 1734-1735, ascendant de Camille et Paul Claudel.
Etienne Aubert et Anne Claudel sont les grands-parents de l’épouse de Joseph Lemaire, Marie Anne Aubert. Les parents de celle-ci, qui se sont mariés le 23 novembre 1819, sont :
–   Joseph Aubert (3 novembre 1797-1er février 1864), fromager et marchand, puis rentier, fils d’Etienne Aubert,
–   et Marie Vaxelaire (1er juin 1794-18 janvier 1864), d’une famille de fromagers, fille de Claude François Vaxelaire, marcaire

Les Lemaire et leurs épouses Aubert

Comme leur père Dominique, Joseph Lemaire et son frère Louis se sont mariés avec une Aubert. Ils ont épousé deux sœurs qui étaient en même temps leurs cousines (issues de germains).
Et comme eux, Ernest Lemaire, troisième fils de Joseph, s’est marié avec une Aubert: sa femme et lui ayant comme ancêtres communs les époux Nicolas Aubert et Marie Anne Marion. Ceux-ci, ascendants d’Ernest Lemaire par la filiation décrite plus haut, sont aussi les ascendants de Marie Justine Clémentine Aubert par la filiation suivante:
–     Leur fille Barbe Aubert, sœur de Laurent et d’Etienne Aubert, a épousé en 1781 Elophe Aubert, propriétaire, négociant, fils d’Elophe, issu d’une autre branche Aubert; de ce mariage est né Joseph ;
–     Joseph Aubert, cultivateur, s’est marié le 14 novembre 1818 avec Marie Barbe Antoine, marcaire; de ce mariage est né Marie Justine ;
–     Marie Justine Aubert a épousé en 1850 Laurent Aubert ; ces époux, cousins issus de germains appartenant à la « branche Elophe », étaient boulangers et cultivateurs ; de leur mariage est née Marie Justine Clémentine, épouse d’Ernest Lemaire.

Les Aubert, les Lemaire et les Claudel

Il est à noter que les liens de parenté des Lemaire avec les Claudel passent par la famille Aubert, c’est-à-dire :
–  par Laurent Aubert mari d’Hélène Chalon fille de Joseph Chalon ;
–  et par Etienne Aubert, mari d’Anne Claudel petite-fille de Dominique Nicolas Claudel.
Joseph Chalon est un arrière-grand-père de Joseph Lemaire, ainsi que de Louis (Louis Prosper) Claudel, père de Camille et Paul Claudel.
Par ailleurs, Camille et Paul Claudel descendent à la fois de deux fils de Dominique Nicolas Claudel : Blaise Claudel (1732-1784) et Jacques Claudel (1735-1816), tandis que les Lemaire descendent d’un autre fils de Dominique Nicolas Claudel: Dominique Claudel (né en 1734), négociant.

Les Aubert, les Lemaire et les industriels Perrin de Cornimont

Dominique Lemaire a été témoin de l’épouse au mariage à La Bresse, le 19 juin 1849, du négociant et manufacturier du textile Constant Perrin (frère de Georges Perrin) avec Marie Virginie Aubert, en tant qu’oncle paternel par alliance: en effet, sa femme Jeanne Hélène Aubert, décédée 10 ans plus tôt, était une sœur du père de l’épouse.
Constant Perrin et Marie Virginie Aubert sont à l’origine de la branche Perrin des dirigeants de la plus importante entreprise textile de cette partie de Vosges, entreprise dénommée « Les Héritiers de Georges Perrin » (HGP), dirigée par la même famille depuis le milieu du 19ème siècle jusqu’à la fin des années 1980.
Les ascendants communs aux Lemaire et à la branche Perrin des industriels « héritiers de Georges Perrin » sont Laurent Aubert et son épouse Hélène Chalon, parents de:
–          Jeanne Hélène Aubert épouse de Dominique Lemaire (1784-1850) ;
–      et Alexandre Aubert, lui-même père de Marie Virginie Aubert ; Alexandre Aubert, débitant de boissons, s’est marié à La Bresse en 1821 avec Marie Anne Claudel, sœur du manufacturier du textile François Claudel, maire de 1830 à 1835 (voir l’article de Libres Feuillets consacré aux Claudel).

 

 SOURCES

–          Registres et état civil sur internet (archives départementales des Vosges)
–          Fichiers de l’Union des cercles généalogiques lorrains (UGCL)
–          Perrin (Laurent) : base de données généalogiques (sur internet)
–          Wintzer (Nicolas) : généalogie 88 sud-est (sur internet)
–          Remy (Gabriel) : Histoire de La Bresse et des Bressauds, 1987

4 réflexions au sujet de « Une famille vosgienne dans les guerres des 19e et 20e siècles. Par Dominique Thiébaut Lemaire »

  1. Peut -on trouver a Cornimont l’arbre de famille des Claudel.
    Si oui pouvez – vous me transmettre la possibilité.
    Je vous remercie
    Marie Claudel

  2. Ayant moi-même fait des recherches sur ma famille dont les origines sont à La Bresse et plus avant à Cornimont ((nous avons des ancêtres communs), je souhaiterais que nous puissions échanger quelques informations à ce sujet.
    Merci de me contacter si vous le souhaitez.

  3. bonjour, je suis petite-fille de Bressauds, Didierlaurent Berthe Théodorine et grand-père Aubert Jean Félicien né en 1874, peut-être fais-je partie de ce grand chapître cité plus haut?!.
    merci de m’éclairer Marie-Hélène

  4. En 1886, Constant Lemaire, son épouse Pauline et leur 2 filles, Marie et Marie Alice agée de 5 et 3 ans habitaientt dans le secteur des Vieux Moulins dans la même maison que le docteur Kléee, médecin né à Ribeauvillé en 1855, mariée à une bressaude nommée Charlotte Mougel et auteur d’une thèse consultable à la BNF.
    Cordialement, JCJ