L’Allemagne, la France, l’euro: excédents et déficits (I). Par D.T. Lemaire

L’Allemagne et la France sont ici comparées du point de vue des échanges extérieurs et des comptes publics. Leur situation dans ces deux domaines s’explique largement par les démographies respectives, et notamment par le vieillissement de la population allemande. Il en résulte un important problème pour la zone euro.

 Le lien entre démographie et exportations a été mis clairement en évidence par le  président de la Bundesbank, lorsqu’il a expliqué au Financial Times en novembre 2011 que son pays, où la population est vieillissante, a besoin d’excédents commerciaux permettant d’accumuler du capital pour faire face à ce vieillissement.
La production privilégiée pour réaliser ces excédents est la production manufacturière, dans le prolongement d’une tradition forte et ancienne. L’Allemagne garde aujourd’hui un secteur industriel important, dans un monde où, après être passée de l’agriculture à l’industrie, l’économie des pays avancés évolue de manière générale de l’industrie vers les services.
Il ne suffit pas de réaliser des excédents, encore faut-il que les montants correspondants soient investis ou placés dans des conditions telles que cette épargne puisse être sauvegardée. Or, la crise depuis 2008 a rendu peu sûrs ces investissements ou placements allemands.
De plus, dans un monde où les  interactions entre les différentes économies se sont intensifiées, en particulier dans l’Union européenne et dans la zone euro, les excédents des uns sont nécessairement les déficits des autres, et s’ils sont trop importants, le système se grippe. Dans ce contexte, la politique de l’excédent commercial n’est pas vertueuse, car, n’étant pas généralisable, elle ne répond pas à l’impératif moral posé par la philosophie allemande dans le  célèbre impératif kantien : « Je dois toujours me conduire de telle sorte que je puisse aussi vouloir que ma maxime devienne une loi universelle ».
L’Allemagne, pays d’environ 82 millions d’habitants en excédent commercial, qui pourrait se croire en position de force, est en réalité très dépendante de ses proches partenaires économiques fragilisés par les déficits, mais qui offrent des débouchés beaucoup plus larges que le marché intérieur allemand (la zone euro compte 250 millions d’habitants hors Allemagne, dont 130 dans les quatre pays du sud que sont l’Italie, l’Espagne, le Portugal, et la Grèce).

La démographie

Comparaison succincte des populations

L’Allemagne est l’Etat le plus peuplé de l’Union européenne (81,8 millions d’habitants en 2009), et avec ses 230 habitants par km², l’un des plus densément peuplés après les Pays-Bas,la Belgique et le Royaume-Uni. Depuis quelques années, sa population diminue à cause de très faibles taux de natalité et de fécondité (ce dernier étant de 1,4 enfant par femme, comme du reste en Espagne et en Italie). Jusqu’au début des années 1990, les cinq Länder de l’Est avaient un taux de fécondité bien plus élevé, mais la natalité de l’Est est aujourd’hui aussi faible que celle de l’Ouest.

 Suivant une évolution contraire, la population française, après une stagnation au 20ème siècle jusqu’aux années 1940 un peu au-dessus de 40 millions d’habitants, suivie par un « baby boom » qui s’est atténué au cours des années, a connu une nette reprise de la natalité dans la période récente, avec un taux de fécondité en 2010 de 2,1 enfants par femme, correspondant à peu près au seuil de renouvellement des générations.
Elle est aujourd’hui de 65 millions d’habitants dont 63 millions en métropole, soit 77 % de la population allemande, alors qu’elle n’était que de 41,5 millions d’habitants en 1937-1939 (60 % de la population allemande dans les limites de 1937).
Sa densité est de 114 habitants au km2 en métropole, la moitié de la densité allemande.

L’Union européenne à 27 compte aujourd’hui 502 millions d’habitants, la zone euro 332 millions, dont 185 millions hors Allemagne et France. Sur ces 185 millions d’habitants, plus de 128 millions vivent dans les pays du sud (Espagne : 46 millions; Grèce : 11,3; Italie : 60,5 ; Portugal : 10,6). C’est un marché considérable, indispensable aux économies allemande et française : respectivement 48 % et 41 % de leurs exportations sont dirigées vers la zone euro – et pour les deux pays 61 % des exportations vont vers l’Union européenne dans son ensemble.

 Effets du vieillissement sur les échanges extérieurs et les comptes publics

 Si la production allemande était davantage investie ou consommée sur place, les excédents extérieurs du pays se réduiraient.
La primauté donnée à l’épargne par rapport à la consommation immédiate explique l’attachement des dirigeants allemands à la stabilité monétaire.
L’histoire économique de l’Allemagne, mais aussi le vieillissement de la population, permettent de comprendre pour une bonne part ces choix. C’est ce qu’a répondu Jens Weidmann, président de la Bundesbank, au Financial Times (daté du 13 novembre 2011) qui lui a demandé si, avec ses excédents extérieurs importants, l’Allemagne n’est pas une partie du problème pour le reste de la zone euro. « Si vous avez une population vieillissante, a-t-il dit au journal anglais, alors cela a un sens d’avoir un excédent commercial pour épargner dans cette optique, en accumulant du capital hors de votre propre pays. »
La situation allemande, de ce point de vue, semble assez proche de la situation chinoise caractérisée par un vieillissement inquiétant à terme, pouvant expliquer la recherche  d’excédents commerciaux très importants comme moyen d’épargne pour y faire face.
Si l’on se projette dans l’avenir, le niveau de la dette allemande est élevé. Le déclin démographique, qui contribue à modérer le taux de chômage, pourrait se traduire par une baisse des recettes publiques. Dans le même temps, le vieillissement risque de faire exploser les coûts de la sécurité sociale et de l’assurance-maladie.

En France, on dit que les « générations futures » françaises seraient déjà trop endettées. Mais la dette publique mesurée en pourcentage du PIB n’est pas un bon critère. En 2040, les Français qui composeront alors le cœur des actifs chargés du remboursement de la dette présente sont les jeunes âgés de 0 à 25 ans aujourd’hui. Il faut apprécier l’endettement actuel par rapport à cette population. Au début de 2011, la dette par jeune de 0 à 25 ans atteint environ 90 000 euros outre-Rhin, plus que les 80 000 euros que donne ce calcul pour la France (note 1).

 Les déficits publics

D’après Eurostat, office européen des statistiques, le ratio dette/PIB s’est élevé en 2010 à 83,2 % pour l’Allemagne (PIB : 2476,8 milliards d’euros) et à 82,3 % pour la France (PIB : 1932,8 milliards d’euros), la moyenne de ce ratio étant de 85,4 % pour l’ensemble de l’Union européenne.
D’après la même source, le déficit public allemand s’est élevé pour la même année à 4,3 % du PIB et le déficit public français à 7,1 % du PIB (moyenne de l’Union européenne : 6,6 % du PIB ; Royaume-Uni : 10,3 % du PIB).

Pour les économistes (note 2), le calendrier d’une politique d’équilibre budgétaire est crucial : si on entreprend une telle politique au milieu d’une récession, l’effet symbolique permettant de reconquérir la confiance des marchés prêteurs risque de susciter au contraire leur méfiance, et de s’évanouir dans l’effondrement de l’activité. Il est beaucoup plus facile de réduire le déficit en phase de croissance. Mais la France se préoccupe généralement de réduire sa dette en période difficile, et oublie de le faire quand la conjoncture est favorable.

 L’Allemagne n’est pas non plus exemplaire. Ce pays, d’après Le Monde du 19 novembre 2011 (note 3), a eu recours à une astuce après le choc de 2008 pour comptabiliser les dizaines de milliards d’euros déboursés (ou offerts en garanties) afin de relancer son économie et sauver son secteur financier. Les sommes ont été logées dans un compte séparé appelé « Sondervermögen », qui contribue à grossir la dette mais n’est pas pris en compte dans le calcul du déficit public. Sans cette astuce, le niveau du déficit allemand serait proche du niveau français, d’après Sylvain Broyer, économiste chez Natixis.

 Au cours d’une conférence organisée le 14 décembre 2011 à New York par le « Council for Foreign Relations « (CFR), l’économiste en chef du FMI a mis en garde les Etats européens contre la tentation de l’austérité: « nous devons avoir un ajustement budgétaire, mais cela doit être un long processus d’ajustement à moyen terme » »

 Aux mises en garde contre une réduction de la dépense publique périlleuse en période de crise, on oppose un argument que l’on croit imparable: ne pas réduire le déficit public aujourd’hui reviendrait à léguer une dette insupportable aux générations futures. Celles-ci, dit-on, seraient déjà trop endettées en France. Mais on a vu plus haut que c’est inexact si l’on raisonne en tenant compte de la démographie.

Autre idée contestable: l’alignement des dépenses budgétaires sur un niveau allemand. Or, la France (comme le Royaume-Uni) est un pilier de la défense européenne. Ce rôle nécessite des dépenses publiques plus lourdes. Et les divergences de natalité placent aussi les pays dans des situations dissemblables. Pour des avantages équivalents (congés de maternité, soutien aux familles, éducation…) les deux « champions » des naissances que sont la France et le Royaume-Uni doivent dépenser autour de trois points de PIB de plus que l’Allemagne, d’après l’économiste Philippe Eskenazy (note 1). Structurellement, les deuxième et troisième économies européennes sont donc plus dépensières, mais les générations futures qui rembourseront la dette seront aussi plus nombreuses.

 Les échanges extérieurs

 Les médias évoquent à longueur de temps l’excédent commercial allemand, en comparaison duquel le déficit commercial de la France fait piètre figure. Mais ils n’abordent presque jamais deux questions fondamentales :
–          Le solde commercial n’est qu’un aspect partiel des échanges extérieurs, il faut le replacer dans l’ensemble de la balance des paiements;
–          Le constat d’excédents importants doit s’accompagner d’une interrogation sur la rentabilité des investissements ou placements qu’ils permettent de faire, et sur leur « soutenabilité » à moyen terme.

 La balance des paiements

 La balance des paiements présente les flux économiques entre une économie et le reste du monde, répartis en comptes formant deux sous ensembles principaux: d’une part le compte de transactions courantes ou balance courante (incluant la balance commerciale), d’autre part le compte de capital et le compte financier.
Les opérations entre les résidents d’un pays et le reste du monde forment un circuit économique fermé: tout ce qui est enregistré en plus ou en moins dans le sous-ensemble des résidents est nécessairement compensé dans le sous-ensemble des non-résidents.
Ainsi, la balance des paiements est par construction équilibrée, chaque transaction, financière ou non financière, avec un non-résident ayant une contrepartie financière, une variation d’avoirs ou d’engagements vis-à-vis des non-résidents. Dans le cas le plus simple, une exportation ou une cession de titres par les résidents donne naissance à une augmentation de leurs avoirs (par exemple, les dépôts des résidents auprès des banques non-résidentes) ou une diminution de leurs engagements (par exemple un remboursement d’avances précédemment obtenues auprès de banques non-résidentes).
Bien que la balance des paiements doive être équilibrée par construction, elle fait apparaître en pratique un solde d’erreurs et omissions non négligeable qui, pour l’Allemagne et la France, peut s’élever jusqu’à 10-15 milliards d’euros en plus ou en moins chaque année.
Quand la balance courante est négative, le pays consomme et investit plus qu’il ne produit de richesses. Elle doit alors être compensée par des emprunts auprès des non-résidents ou en encore par la vente d’actifs possédés à l’extérieur du pays. Inversement, quand la balance est positive, le pays produit plus de richesses qu’il n’en consomme. Une balance courante positive permet à un pays de rembourser sa dette ou même de prêter à d’autres pays.

Les principaux éléments des balances des paiements allemande et française (en milliards d’euros) ont été les suivants en 2010 (les flux entrants sont notés +, les sorties -). Les chiffres sont tirés des balances établies par la Bundesbank et par la Banque de France (voir les sites internet de ces institutions).
Balance allemande :
–          Balance courante : + 141,4 (dont biens : + 154,5)
–          Investissements directs à l’étranger : – 44,3
–          Investissements de portefeuille : – 124,9
–          Instruments financiers dérivés : – 17,6
–          Autres investissements : + 57,1 (- 49,1 en 2009).
Balance française :
–          Balance courante : – 33,7 (dont biens : -53,7)
–          Investissements directs à l’étranger : – 37,9
–          Investissements de portefeuille : + 119,9
–          Instruments financiers dérivés : + 34,3
–          Autres investissements : – 92,3
On voit que les situations allemande et française sont très contrastées, avec des soldes en sens contraire en ce qui concerne les marchandises, mais aussi en ce qui concerne les services (solde négatif pour l’Allemagne, positif pour la France). Avec toutefois une ressemblance: l’importance des investissements directs à l’étranger, et l’importance dans la balance courante des revenus correspondants à ces investissements (en 2010: 44,5 milliards d’euros de revenus pour l’Allemagne, 34 milliards d’euros pour la France).

 Le compte de transactions courantes ou balance courante

Le compte de transactions courantes ou balance courante a trois composantes:
–          la balance commerciale (exportations moins importations) des marchandises et des services (transport, assurances, tourisme, gestion);
–          les revenus de placements (intérêts, dividendes…) ;
–          les transferts courants (par exemple ce que les immigrés envoient hors du pays).
L’Allemagne a enregistré un solde commercial positif (pour les marchandises) de 154,5 milliards d’euros en 2010. Mais le solde des services a été négatif de 8 milliards d’euros, tiré vers le bas par le déficit des voyages touristiques à l’étranger.
En 2010, les exportations allemandes de biens et services se sont élevées à 38,4 % du PIB – et même à 47 % en 2008- record à comparer aux pourcentages des autres Etats (France: environ 25 % ; Etats-Unis : 11 %; Japon : 12 %). Elles ont représenté sur l’ensemble de la période 1970-2009 une moyenne annuelle de 26,6 % du PIB allemand d’après les calculs de l’université canadienne de Sherbrooke. L’Allemagne est aujourd’hui le deuxième exportateur mondial après la Chine qui l’a récemment détrônée, mais devant les Etats-Unis dont l’économie est pourtant bien plus grande. L’essentiel de ses excédents commerciaux a pour origine les autres pays membres de la zone euro.
Pour le total du compte de transactions courantes (balance courante), la Bundesbank a enregistré en 2010 un excédent de 141,4 milliards d’euros, soit 5,8 % du PIB, un peu inférieur à l’excédent commercial.

En ce qui concerne la France, la balance des biens et services est devenue déficitaire en 2004. En 2010, les exportations françaises de biens et services se sont élevées à 25,5 % du PIB. Le solde de la balance des biens a été négatif de 53,7 milliards d’euros. Le solde des services a été positif, d’environ 10 milliards d’euros comme en 2009. Au sein des services, l’excédent touristique a diminué (6 milliards en 2010).
D’après les données de l’université canadienne de Sherbrooke, les exportations françaises de biens et services ont représenté sur l’ensemble de la période 1960-2009 une moyenne annuelle de 20,6 % du PIB.
En 2010, la balance courante de la France a été en déficit de 33,7 milliards d’euros, soit 1,7 % du PIB. Dans ce solde, la dégradation des échanges de biens a été en partie compensée par une augmentation des revenus d’investissements. En particulier, l’excédent des revenus d’investissements directs a atteint 34,1 milliards d’euros en 2010, après un palier de l’ordre de 26 milliards entre 2006 et 2009.

Le compte financier

Le compte de capital et le compte financier doivent équilibrer par construction le solde des transactions courantes (balance courante). Le solde du compte de capital est négligeable. Dans le compte financier, beaucoup plus important, on distingue quelques grandes catégories:
–          les investissements directs : ceux qu’une entreprise ou entité résidente d’une économie effectue dans le but d’acquérir un intérêt durable (au moins 10 % du capital) dans une entreprise ou entité non résidente et d’exercer, dans le cadre d’une relation à long terme, une influence significative sur sa gestion. Les investissements directs comprennent non seulement l’opération initiale, mais également toutes les opérations en capital ultérieures;
–          les investissements de portefeuille : achats et ventes de titres (obligations et actions);
–          les « autres investissements » (opérations de prêts et crédits financiers et commerciaux, dépôts bancaires…) et les « produits financiers dérivés ».

 En 2010, les investissements directs allemands à l’étranger (79,2 milliards d’euros) ont été supérieurs de 44,2 milliards d’euros aux investissements directs étrangers en Allemagne (34,8 milliards d’euros).
Les flux d’investissements de portefeuille, dont il résultait une entrée nette de capitaux en 2008 (51,4 milliards d’euros), se sont soldés par des sorties nettes de capitaux en 2009 (82,7 milliards d’euros) et 2010 (124,9 milliards d’euros).
L’agrégat intitulé « autres investissements » a représenté des flux financiers allemands vers l’extérieur de 213 milliards d’euros en 2007, 130 en 2008, 49 en 2009. Il s’agissait pour l’essentiel de flux des banques allemandes vers des banques étrangères, soit filiales, soit banques tierces. Le système bancaire allemand a investi les excédents du pays dans le monde entier, notamment aux Etats-Unis mais surtout dans l’Union européenne. Les systèmes bancaires dans lesquels ces investissements ont été faits sont souvent très fragiles (notamment au sud de la zone euro), car ils ont acquis des actifs majoritairement auprès de débiteurs surendettés : titres de dette publique de leur Etat et investissements dans le secteur immobilier. Il apparaît, in fine, que les excédents de la balance courante allemande ont servi à acquérir des actifs d’une valeur souvent problématique.
En 2010, le solde des « autres investissements » s’est inversé (entrée nette de capital d’un montant de 57 milliards d’euros), et ce sont les « investissements de portefeuille » qui ont pris le relais comme moyen de recycler vers l’extérieur les excédents commerciaux allemands.

S’agissant de la France, en 2010, les investissements directs à l’étranger (63,5 milliards d’euros, dont 62 % vers l’Union européenne et 10 % vers les Etats-Unis), ont excédé comme les années précédentes les investissements directs étrangers en France (25,6 milliards d’euros).
Depuis 2005, le solde annuel global des transactions courantes et des investissements directs est négatif. Ce déficit est financé principalement par des entrées de capitaux au titre des investissements de portefeuille et/ou des opérations de prêts-emprunts, ce qui se traduit par un endettement des résidents vis-à-vis des non résidents, ou par une réduction des avoirs à l’étranger. Les entrées de capitaux résultent de l’endettement du secteur public (souscriptions de titres publics par des non-résidents) et du secteur bancaire (IFM: institutions financières monétaires). En 2010, le solde négatif des transactions courantes et les sorties nettes de capitaux au titre des investissements directs ont été financés par un endettement extérieur net des IFM (122,6 milliards, instruments financiers dérivés inclus) et des administrations publiques (APU : 43,5 milliards), tandis que les autres secteurs ont augmenté de nouveau leurs avoirs et créances sur l’extérieur, ce qui correspond à des sorties de capitaux.

A propos du poste « autres investissements » relatifs aux banques, quelques données sont présentées en note 4 sur les besoins en fonds propres des systèmes bancaires européens.

 (A suivre)

Dominique Thiébaut Lemaire

Note 1
Philippe Askenazy, directeur de recherche au CNRS, article dans le journal Le Monde du 12 avril 2011.
Note 2
Philippe Askenazy ; voir la note 1 ci-dessus
Paul Seabright, école d’économie de Toulouse, Le Monde Economie, mardi 13 décembre 2011
Note 3
Claire Gatinois et Frédéric Lemaître : « Et si l’Allemagne n’était pas si exemplaire… », Le Monde du 19 novembre 2011
Note 4
L’Autorité Bancaire Européenne (EBA en anglais) a publié le 8 décembre 2011 son estimation révisée des besoins en fonds propres de banques européennes : 114,7 milliards d’euros, dont 30 pour la Grèce, 26,1 pour l’Espagne, 15,4 pour l’Italie, 13,1 pour l’Allemagne, 7,3 pour la France, 6,95 pour le Portugal, 6,3 pour la Belgique, 3,9 pour l’Autriche, 3,5 pour Chypre.

2 réflexions au sujet de « L’Allemagne, la France, l’euro: excédents et déficits (I). Par D.T. Lemaire »

  1. La croissance démographique en France comparée à la régression démographique allemande est souvent présentée comme un avantage important pour la France. Or il n’en est rien. C’est même un désavantage important surtout depuis que l’Allemagne impose sa politique à l’ensemble de la zone euro. Cette politique se résume en une réduction du déficit budgétaire, une réduction du budget de l’Etat, une réduction des prélèvements obligatoires, une réduction de l’endettement de l’Etat et, pour faire bonne mesure, une réduction des hausses de salaires. L’Allemagne ne doit la réussite de cette politique que parce qu’elle est en situation de régression démographique. En effet, cette régression permet de réduire les dépenses de l’Etat, ensuite de réduire le déficit budgétaire, ensuite de réduire les prélèvements obligatoires, ensuite de réduire l’endettement de l’Etat, et enfin de réduire les hausses de salaires. Sans cette régression démographique, l’Allemagne n’aurait jamais pu appliquer cette politique. Or c’est ce qui est aujourd’hui demandé à la France, qui doit dorénavant appliquer cette même politique de réduction tous azimuts dans un contexte tout autre qui est celui de sa croissance démographique. Pour y parvenir il faudrait que la France prenne modèle sur l’Allemagne : stopper sa croissance démographique puis passer à la régression démographique.

  2. Bravo, Dominique, c’est passionnant, bien argumenté et pertinemment nourri de chiffres – toutes choses qu’on rencontre rarement réunies dans le journalisme dit économique!
    En outre, je dois avouer que cela me permet de mettre à jour des notions bien poussiéreuses dans ma tête.
    Merci à vous, et bonne fin d’année.