Billet : un mois de mai sous les nuages

 

A présent la mésange ou le merle ou la grive
Chantent que les félins n’ont pas assez de griffes
Pour la chasse aux oiseaux quand l’aube claire arrive
En fin de nuit les chats ne sont plus assez gris

Souvent au mois de mai le peuple fait la grève
On voit donc refleurir espérance et grief
Dans les manifs la casse hypothèque le rêve
Ce printemps n’est pas beau mais on pense au progrès

La Seine en grossissant rappelle qu’elle est fleuve
Nourri des affluents son flot qui monte lave
Pont de l’Alma les pieds puis les jambes du Zouave

Gorgés bien saturés de grandes eaux qui pleuvent
Dans l’espoir de décrue et de lumière blonde
Nous attendons qu’enfin le soleil nous inonde

 

En cette année 2016, les inondations ont fait beaucoup de dégâts dans le bassin de la Seine, et le spectre de 1910 a resurgi, celui de la crue centennale. A Paris, du vendredi soir 3 juin au samedi 4 juin, la Seine a atteint la cote 6 m 10 au pont d’Austerlitz et au pont de l’Alma, un niveau cependant un peu inférieur à la crue de 1982 (6, 15 m), et très inférieur à celle de 1910 (8, 62 m). En 1982 et 2016, on a vu que de fortes précipitations peuvent entraîner des débordements majeurs non seulement en hiver comme en 1910, mais aussi au printemps, et que les lacs-réservoirs créés en amont de Paris pour éviter le retour de ce genre de catastrophe ne retiennent plus assez les eaux de la Seine et de ses affluents. Depuis cent ans on a beaucoup construit dans le lit des cours d’eau en région parisienne, ce qui contribue à accroître fortement les risques, notamment à Paris, et nos dirigeants y sont pour beaucoup. En se disant probablement : « après moi le déluge », ils ont ajouté aux sites sensibles au bord du fleuve la Bibliothèque Nationale de France, le ministère de l’économie et des finances quai de Bercy, le musée d’Orsay, le musée du quai Branly, pour ne parler que d’exemples récents….
Le printemps 2016 a été marqué également par de nombreuses grèves de protestation contre une « logique » économique, ou plutôt une antilogique, préconisée par des organisations internationales « hors sol », qui recommandent de faciliter les licenciements pour lutter contre le chômage, et de faire prévaloir la règle particulière sur la règle générale, que ce soit dans les entreprises ou dans l’administration, afin, dit-on, de se rapprocher du terrain ! Mais la démocratie, ce n’est pas cette déraison, c’est au contraire le respect de la raison dont Descartes nous a dit (non sans ironie, si l’on en juge d’après la conduite de nos dirigeants) que c’est la chose du monde la mieux partagée.

Dominique Thiébaut Lemaire

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