Petite odyssée d’un marin breton, René Scavennec. (I):1939-1943. Transcription et présentation par Maryvonne Lemaire

 

Fils de Joseph Scavennec et de Marie Hervé, agriculteurs à Rosporden (Finistère), René Scavennec (Rosporden 15 septembre 1908-Quimperlé 27 avril 2007), époux de Marie Donal – sœur d’Eugène Donal, journaliste – a été maître-principal (radio) dans la marine nationale.

La guerre de 1939-1945, avant l’épisode de la Libération de Rosporden à laquelle il a participé comme protagoniste en 1944, l’a conduit sur différents rivages de l’Atlantique et d’un bord à l’autre de la Méditerranée, entre la France et l’Afrique du Nord, dans une véritable petite odyssée dont il a fait le récit, enregistré par son neveu Alfred Scavennec (fils de son frère Alfred) le 19 octobre 1994.

Sa nièce Maryvonne Scavennec-Lemaire (fille de son frère André) en a assuré la transcription que l’on peut lire ci-dessous.

 

***

 

Où étais-tu, René, en septembre 39, à la déclaration de guerre ?

     A la déclaration de guerre,  j’étais à l’école de radio comme instructeur. D’abord à Toulon et ensuite nous sommes venus à Port-Louis, à Lorient.

Que s’est-il passé pendant la drôle de guerre pour toi ?

     En 40, nous nous trouvons à Port-Louis.  Le 16 juin, nous décampons. Nous avons ordre de rejoindre Lorient, où nous devions embarquer sur le Commandant Dominé. Je dois embarquer sur le Commandant Dominé avec mes apprentis radio. Quand nous nous sommes présentés au Commandant Dominé, on nous a dit que nos places étaient prises  par l’Ecole des officiers des transmissions. Qu’est-ce que nous avons fait ? L’officier de marine qui était  à l’embarquement   nous a dit qu’il n’y avait qu’une solution, c’était de rejoindre le port de pêche, Keroman. A Keroman, on a trouvé un chalutier qui était en instance de départ. Quand nous nous sommes présentés à ce chalutier, on nous a dit : « Non, ce n’est pas prévu, nous n’avons pas de vivres pour vous ». Bon gré mal gré, nous avons embarqué. J’ai fait un papier, comme quoi je devais embarquer sur un chalutier sur ordre de la marine de Lorient.

Vous étiez combien ?

     J’étais avec trois apprentis radio.

Les Allemands n’étaient pas encore là ?

     Ils arriveront le 18. Nous sommes embarqués à bord, bon gré mal gré. On verrait bien ce qui allait se passer par la suite.  Mes trois matelots ( les trois apprentis radio) et moi, on est  à bord. Et puis on voit deux officiers mariniers de l’école, qui déambulaient, qui cherchaient quelque chose, qui n’avaient pas pu embarquer. Je leur fais signe. Ils sont venus. Ils ont embarqué en somme sur mes ordres, puisque c’est moi qui avais pris l’initiative de réquisitionner le bateau.

     Départ de Lorient vers les 10 heures du soir. Destination inconnue pour le moment, puisque le commandant avait une lettre cachetée qu’il n’avait droit de décacheter que sorti des eaux territoriales (les trois milles). Évidemment, arrivé au large de Groix, il a ouvert son enveloppe, où il y avait mis : destination Casablanca, avec ordre de prévenir, si on rencontrait en mer des marins-pêcheurs, de rallier autant que possible l’Afrique du Nord et non l’Espagne ou le Portugal , où  ils risquaient d’être internés. On a rencontré effectivement pas mal de bateaux de pêche, qui ont tous été consternés de savoir que les Allemands étaient chez nous. On a mis six jours pour rallier Casa. Mais entre-temps, après avoir prévenu les pêcheurs qu’on rencontrait en cours de route,   le commandant est entré à Tanger. C’était une erreur de route. C’était un enseigne de réserve. Pas beaucoup d’heures de navigation certainement, il s’était trompé. Alors à Tanger le bateau-pilote est venu à notre rencontre. Il a dit : «  Halte là ! Si vous allez plus loin,  vous risquez d’être internés ». Il nous a demandé : « Quelle destination ? » Le commandant a répondu : « Casablanca ». « Alors demi-tour et  longez la côte ». Donc nous avons quitté Lorient le 16 et nous sommes arrivés le 24 à Casa. Le 24 juin 40.

     Quand nous sommes arrivés à l’école, les gens ont tous levé les bras aux nues : nous étions tous portés disparus. Nous étions portés disparus parce qu’on nous croyait sur La Tanche. La Tanche a sauté le 17 au matin, à 6 heures du matin. Là il n’y a eu aucun rescapé. La Tanche était un chalutier, le même que le nôtre. A titre d’indication, notre chalutier s’appelait le Saint-Pierre d’Alcantara. Ça a été la joie générale à l’école. Quand nous sommes arrivés, ils n’étaient pas encore au courant de l’accident de La Tanche. Ils nous attendaient sur La Tanche. Nous avions l’ordre d’embarquer sur le Commandant Dominé mais quand nous sommes arrivés, notre place était prise par l’Ecole des officiers des transmissions, qui avait la priorité. J’aurais dû me retrouver en Angleterre, au lieu d’aller en Afrique du Nord.

Les Transmissions sont allées en Angleterre ?

     Oui

Ton école à toi, ce n’était pas l’Ecole des transmissions ?

     Si, mais eux, c’était l’Ecole des officiers. Nous, c’était l’école des apprentis radio. On a été bien reçu. Je m’attendais à  une engueulade, parce que prendre un bateau comme ça sans l’autorisation, hein ?… c’était la guerre… mais c’était une bonne initiative que j’avais prise, si bien que j’ai eu un témoignage officiel de satisfaction.

 Qui te l’a donné ?

      ça venait du ministère de la marine.

ça ne venait pas de Paris, en tout cas ?

     Le 16 juin 40, un témoignage officiel de satisfaction…

Vous étiez des rebelles ?

Le 16 juin 40 rien n’est encore fait. Ce n’est que le 18 juin 40 que Pétain va dire que c’est fini.

     J’ai quand même une petite anecdote. Pendant la traversée, comme il n’y avait pas de vivres à bord- il y avait du pain, il y avait du vin mais de viande, il n’y en avait pas-, il s’est trouvé que, parmi mes trois apprentis, il y en avait un qui avait fait la pêche au thon. Il a fait un crochet avec un fil de fer, il a trouvé un morceau de barbaque. On a pêché trois bonites pendant notre traversée, si bien qu’on a eu de sacrés biftecks de thon, formidable ! Il n’y avait pas de viande mais… si, il y avait  des conserves, des boîtes de singe. L’école de radio était au petit lycée Lyautey à Casa. L’instruction s’est déroulée normalement pendant  deux mois ; l’école de radio a continué en juin 40, en Afrique du Nord. En juin et juillet.

Vous avez continué à fonctionner en tant qu’école de radio ?

      En tant qu’école de radio, officiellement. De là, en août,  nous  sommes descendus à Mogador. À Mogador, j’ai continué l’instruction dans une école. L’école des radios a continué, je dirais jusqu’au mois de novembre, novembre 40, où l’école a été dissoute. Pour ma part, j’ai été désigné pour Dakar. J’ai dû embarquer sur un pétrolier, la Garonne.

Je connais la Garonne pour l’avoir vue en rade de Brest…

     La Garonne, c’est un pétrolier qui d’abord a été réarmé, en attendant une destination quelconque. En 41, on a pris un chargement d’huile d’arachide. La moitié, on l’a laissée à Casa, l’autre moitié on l’a envoyée à Alger, parce que les sous-marins marchaient à l’huile d’arachide. Il n’y avait plus de mazout, plus rien.

Les sous-marins français ?

     Oui, la Circé et compagnie. Après, quand on a laissé notre chargement à Alger, on a pris un chargement de balles de caoutchouc, qui était destiné à Michelin. Des balles de caoutchouc qu’on n’a pas pu mettre dans les cuves mais qui étaient sur le pont. Des masses de cinq ou six balles, l’une entassée sur les autres, si bien qu’on ne voyait plus la mâture.

Les balles de caoutchouc, c’est pour quel port ?

     Toulon. D’Alger nous somment venus à Toulon avec un chargement de balles de caoutchouc.

Vous êtes sous quel régime ?

     C’est Vichy.

La France du Sud n’est pas encore occupée.  Il n’y a pas de rupture encore…

     Là, à Toulon, on a désarmé le bateau. Je me suis trouvé sans affectation. Je connaissais le Major à Vichy, qui  était mon ancien patron à Toulon en 1930-31. Je le connaissais, alors je lui ai écrit. Je lui ai dit dans quelle situation je me trouvais : je me trouvais à Toulon, mon bateau désarmé, sans affectation. Je lui ai expliqué que ma famille était à Casa. Tout de suite il a fait le nécessaire pour me redésigner pour Casa. Je suis donc retourné à Casa, à la marine de Casa. Je vais rester jusqu’en septembre 42. Là je suis désigné pour Bizerte, pour la préfecture maritime de Bizerte.

Tu avais quel grade, tonton?

     J’étais second maître. Non, j’ai dû passer en avril 41 maître. J’étais maître radio. J’arrive à la préfecture. Pour aller du Maroc à Bizerte, on a  pris le tortillard, on a fait toute la côte jusqu’à Tunis. Arrivé là-bas, à la préfecture maritime, on me dit…  Non ce n’était pas la préfecture maritime, c’était un coin de Bizerte… on me dit: « Vous allez former des apprentis radio ». Donc c’était une école clandestine. /Ah ?/Mais oui, puisque l’autre déjà était dissoute, à Casa. En  principe, c’était interdit par les conventions d’armistice.

     Nous sommes déjà en 42, quand je rejoins Bizerte, septembre 42. « Non, ce n’est pas pour la préfecture maritime, c’est pour vous occuper d’apprentis radio ». Il y avait un capitaine de vaisseau et un capitaine de frégate : «  Vous allez vous organiser. Vous allez tout faire : le son, la procédure, les conférences d’électricité, expliquer ce que c’est que l’électricité, la radio et tout ça ». J’avais 11 apprentis, ça marchait bien. J’avais 11 élèves, qui étaient fils de fonctionnaires de là-bas ou bien qui étaient en Tunisie depuis très longtemps. Ils avaient bien sûr de la famille en France mais ils étaient de là-bas. En somme ils faisaient leur service militaire. Il y en avait six qui avaient leur bac et les cinq autres avaient le niveau du brevet. Donc  ce n’était pas des imbéciles, c’était des gars bien disciplinés, qui ne demandaient qu’une chose, c’est de travailler un petit peu. Entre-temps, comme j’avais trouvé un logement à Bizerte, on ne voulait pas me donner l’autorisation de ramener ma famille. Je suis allé voir le chef d’état-major,  lui  expliquer mon cas. Il me dit : « Il n’y a pas de raison majeure ». Allez ! J’ai fait tout le nécessaire pour ramener ma famille là-bas. Puis voilà le débarquement du 6 novembre 42 en Afrique du Nord !

     Les Américains débarquent à Alger, cherchent à débarquer à Casa et ils cherchaient également à débarquer  à Tunis mais là c’était la vraie course. Parce que Rommel arrivait en Tunisie /Il venait de Libye ?/ Il venait de Libye.  Et les autres étaient bloqués à Alger. Évidemment automatiquement tout est coupé. Je me suis trouvé dans une situation … y avait qu’à attendre, quoi ! Je faisais même du ciment pour faire des abris provisoires, on passait notre temps. Moi, je m’occupais de mes apprentis au maximum mais sans plus. C’était l’attente. Moi, j’attendais les Américains et Rommel nous arrivait sur le dos.

Par le sud de la Tunisie…

     Par le sud de la Tunisie. Voilà que Rommel arrive début janvier en Tunisie, à Bizerte.

Rommel est venu jusqu’à Bizerte ?

     Un beau jour, fin janvier 43… On avait des bombardements tous les jours. Les Allemands n’étaient pas encore là. Mais les Américains bombardaient  les bateaux qui étaient  pour Rommel, les bateaux allemands, tout ce qu’on veut. Ils cherchaient à neutraliser au maximum Bizerte, de façon qu’elle ne tombe pas entre les mains de Rommel. Fin janvier, voilà les troupes de Rommel qui arrivent. Je les vois encore  arriver avec leurs bottes, leurs  kakis, tout flambant neufs.

     Un beau jour, on nous affiche : « Vous êtes priés de vous mettre sous l’autorité des occupants, de l’autorité occupante ». Qu’est-ce que je constate ? Je constate qu’il n’y a plus aucun officier  français,  dans l’entourage,  dans mon service. Il y avait encore les sous-marins, la base sous-marine, mais, dans mon service, ils avaient tous mis les bouts. Quand on est libre et de sa propre initiative… Sans me prévenir, évidemment.  On a vu ce papier : « Dès demain vous êtes priés  de vous mettre aux ordres de l’autorité occupante ». On a compris. J’ai dit à mes apprentis : qu’est-ce qu’on va faire ? On savait qu’à la Baie des Carrières, de l’autre côté du goulet, étaient retranchés tous les gars de la préfecture maritime et les gars qui n’avaient plus rien à faire de ce côté-ci. C’était une base arrière en somme. Qu’est-ce qu’on a fait ? On a pris une barcasse et puis avec les 11 bonhommes, nous sommes allés là-bas. Il y avait un service. Une barcasse chargée de ramener en somme des types au hasard, une navette, qui fonctionnait à heures fixes. Pour embarquer sur cette navette- là, il fallait un papier. Nous n’avions pas de papier. Qu’est-ce qu’on a fait ? Bon gré mal gré, on a embarqué sur la navette et puis là-bas nous sommes arrivés.

     On a été accueilli  à peu près comme un chien dans un jeu de quilles. Il y avait un capitaine d’armes, c’était un Alsacien : «  Vous n’avez rien à faire ici, on ne veut pas de vous, vous n’avez pas de paquets ». Après concertation avec mes petits gars, ils parlaient l’arabe, comme ils avaient un certain bagage et qu’ils connaissaient bien le coin, « Ne vous en faites pas, patron, on va se débrouiller ». Très bien. On était logé dans des cuves à mazout,  qui n’avaient jamais servi, c’était immense ! C’était des machins galvanisés, ça pouvait recevoir des milliers de tonnes. C’était propre et à l’abri et sous terre.  Il faisait chaud là-dedans ! On est arrivé là-dedans, on a trouvé les gars de la préfecture maritime. On leur a dit qu’on arrive comme un chien dans un jeu de quilles. Ils nous ont dit : «  Ici, c’est la pagaille, ne vous en faites pas. »  Mes apprentis… Le lendemain matin, qu’est-ce que je vois, cinq ou six sont partis dans le djeb,  je ne sais pas où, ils se sont ramenés avec des poulets, des œufs, un tas de choses. Quand le cuisinier a vu ça (il n’y avait que des boites de singe à manger), il a dit : « on va s’arranger ». Tout de suite, le capitaine d’armes, à midi, on avait notre rôle de plat et tout et tout. Ça a été casé comme ça.

     Là, on va rester huit jours. Le huitième jour, il y a un papier, une affiche : « Ce soir, trois torpilleurs italiens vont accoster. Ceux qui désirent rentrer en France sont priés de donner leur nom ». Je consulte mes 11 gars. D’accord on va rentrer en France. On met tous nos noms. Les torpilleurs italiens sont arrivés à 11 heures du soir. On est arrivé à 3 heures du matin à Palerme. Ils avaient mis la gomme. Je ne vois pas bien la distance, ce n’est pas tellement large mais enfin il a fallu qu’ils marchent. Et en effet ça marchait. On entendait les turbines qui tournaient à toute gomme. Tous les jours, il y avait des torpillages, il y avait les sous-marins qui torpillaient et puis l’aviation qui donnait / L’aviation alliée ?/l’aviation allemande, même alliée. Les Italiens déjà avaient abandonné la guerre. Les soldats italiens- finie la guerre !-  avaient lâché prise. C’était en 43, janvier 43.

Les torpilleurs italiens n’étaient pas pro-allemands ?

     La preuve, c’est qu’ils mettaient leur bateau à la disposition des Français. Les Italiens étaient déjà avec nous. Ils avaient viré casaque.

Et Rommel ?

     Rommel était toujours en Tunisie. Je suis arrivé à Palerme début février 43. À Palerme, on est resté deux jours. On était dans une caserne. Il n’y avait rien à manger. Ils n’avaient que des maquereaux salés, pas de pain, des fruits peut-être. Quand nous sommes arrivés, ils ont été très heureux d’avoir une miche de pain.

     Voilà ce qui s’est encore produit. Les gars avant d’embarquer avaient mis des sacs de pain et des sacs de conserve pour embarquer à bord. Seulement les gars n’ont pas eu peur de crocher : ils ont pris des sacs de pain au maximum, ils ont pris des sacs de conserves, ils étaient chargés comme des bourriques et d’autres n’avaient rien, rien. Mais quand on a pris le chemin pour rentrer, le 5-6 février, quand on a embarqué dans le train -c’était des trains à banquettes en bois- à Palerme, il y avait déjà des ferry-boats qui traversaient là, des trains qui passaient, comme exactement la traversée d’Angleterre à ici /Entre la Sicile et la Calabre ?/ Oui. Il y a les ferries. On a pris les ferries pour arriver de l’autre côté. On continue  le long de la côte italienne, dans les wagons, dans le train,  avec des banquettes en bois, des wagons de marchandises  où il y avait de la paille-  on pouvait coucher là-dedans. On va mettre huit jours pour aller de Palerme à Nice. A chaque instant, il fallait s’arrêter pour laisser passer les trains allemands qui allaient au front. Les Italiens avaient  déjà décroché. C’était la misère chez eux. Avec nos pains et nos conserves, on a fait des heureux ! On avait des fruits à gogo…

René, vous étiez en civil ou en militaires français ?

     En militaires, on était resté en tenue, quoi !

Les chleuhs vous laissaient passer ? Vous n’avez pas eu de problèmes pour traverser l’Italie ?

      On était dans des wagons italiens. Les Italiens avaient déjà décroché. / Vous n’aviez pas de mal à passer en tenue ?/ A chaque instant nous étions obligés de nous arrêter et les trains allemands avaient priorité absolue. On voyait des trains allemands bourrés d’hommes,  de canons, qui allaient vers le front, vers la Sicile. Ils faisaient l’inverse de nous.

Vous étiez en militaires dans les wagons ?

     On était bien vu, on nous applaudissait. On nous donnait des fruits à gogo. Nous, on leur donnait du pain,  des conserves, tout ce qu’on avait. Arrivés à Nice, on a été bien reçu par la Croix-Rouge : café, croissants,  tout ce qu’on veut. De Nice on a été dévié vers Toulon, nous les marins. À Toulon, on nous a mis de suite en congé d’armistice. Il n’y avait personne. Comme gens qui stationnaient là, il n’y avait personne. J’ai dû arriver en Bretagne  vers le huit ou 10 février 43, je ne me rappelle plus très bien.

En janvier, tu es  à Palerme; en février 43,  tu es revenu en Bretagne…

      En congé d’armistice. J’étais démobilisé.  J’étais en tenue. Je suis arrivé à Rosporden en tenue. Si bien que j’ai traversé toute la zone libre en tenue, traversé Paris en tenue. Tout le monde me regardait. A Paris, en grande tenue, au mois de février 43, hein… Tout le monde disait : « Qui c’est ce gars-là, d’où il vient ? »

Aucun Allemand ne t’a rien demandé?

     Il y a juste eu le passage de la zone libre à la zone occupée, un contrôle. Donc j’ai montré mon papier de congé d’armistice, ils m’ont fouillé et ils ont regardé ce qu’il y avait dans ma valise. J’étais en règle. J’arrive à Rosporden, tout le monde se demandait d’où je sortais. Aussitôt je me suis mis en civil. Et puis terminé. Le va-et-vient entre  Rosanduc et Rosporden, et c’est tout.

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