Billet: ma Normandie de 1993 à 2018

J’ai fréquenté longtemps la campagne normande
Où nous avions acquis dans un recoin dormant
Pour un temps qui devait n’être qu’un intermède
Une grande maison fleurie au mois de mai
J’y rêvais de vraies fleurs qui ne fanent jamais

Nous trouvions là de l’air modérément humide
C’étaient près de Paris des instants d’accalmie
Tandis que par métier je parcourais le monde
En respirant la vie qui gonfle les poumons
En survolant de haut l’argile et le limon

J’ai planté des fruitiers produisant en septembre
Des paniers des cageots de pommes parfumées
Mûries dans un verger où l’herbe tiède fume
Dans les matins frisquets que le soleil rallume

Je m’en suis détaché lorsqu’un soir de novembre
En ce lieu j’ai senti ma confiance meurtrie
Par un commencement d’incendie électrique
Noircissant l’intérieur de la maison de brique

 

Après quelques années de location dans le département de Haute-Normandie à 110 km de Paris, Maryvonne et moi avons acheté un peu plus loin en 1993 comme résidence secondaire une solide maison de brique datant sans doute de 1850 (d’après une pierre insérée dans le mur du jardin) près de Forges-les-Eaux dans la région où Flaubert a situé madame Bovary. J’ai acheté de l’autre côté de la place du village un terrain de 2000 m2 qui devait servir de terrain de jeu pour les enfants, où j’ai planté des haies de lauriers-palmes et un verger. Nous avons fait refaire en 1999 le toit d’ardoises de l’habitation puis nous avons subi en 2004 un incendie électrique qui a fait fondre le compteur en plastique d’EDF, brûlé en partie la porte d’entrée et tapissé de suie l’intérieur de la maison. La mutuelle d’assurances a payé les dégâts qui ont été réparés péniblement, mais à partir de cette date j’ai cessé de planter des rosiers et des arbres fruitiers. Je me suis détaché de cette résidence secondaire en y investissant de moins en moins, psychologiquement et matériellement. En 2011, nous avons décidé de mettre en vente la maison et le terrain en accord avec nos enfants auxquels nous en avons fait donation. Cela dit, le moment n’était guère favorable : la crise économique faisait sentir ses effets, et les résidences secondaires étaient passées de mode. Après quelques années de patience dans un marché immobilier atone, des acheteurs normands se sont présentés, à des conditions limitant autant que possible le montant de la moins-value. Le terrain a pu être vendu comme terrain à bâtir, et le dossier a été enfin clos avec la vente de la maison en septembre 2018.

Dominique Thiébaut Lemaire

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