Billet: naissance d’un enfant

Le quatre août deux mil treize est apparu Sacha
Dans le petit matin la nuit dormait encore
A la maternité rue du Sergent Bauchat
Sur la photo du jour il est beau comme un cœur

Les grands-parents dont moi dès que possible accourent
Il parle avec les doigts s’étire en petit chat
Quand on le voit ainsi la vie n’est plus précaire
Main menue sur le ventre il dort comme un pacha

Je me suis souvenu de quelques mots écrits
Lorsque son père est né même lieu temps solaire
Signe astral du lion bien que son premier cri

Fût doux comme un soupir de rauque délivrance
Accueilli lionceau par nos voix tutélaires
Qu’il écoutait tout neuf d’un air de souvenance

 

***

 

Dans ce sonnet, j’ai emprunté à l’une des grands-mères l’expression « il est beau comme un cœur », et à l’autre grand-mère la rime entre le prénom Sacha, diminutif d’Alexandre, et le nom de la rue du Sergent Bauchat, adresse de la maternité.

Les enfants qui viennent de naître ont une période pendant laquelle leurs sens sont particulièrement en éveil, notamment pour la reconnaissance des sons. Je me suis rappelé quelques vers écrits il y a plus de trente ans pour noter l’attention avec laquelle, à sa naissance, le père de Sacha a écouté nos voix qu’il reconnaissait à l’évidence, les ayant probablement mémorisées quand il était encore dans le ventre maternel. Sacha a manifesté la même capacité.

En parcourant L’Art d’être grand-père de Victor Hugo, j’ai noté quelques vers du poème V du début, intitulé « L’Autre »:
« … Ah ! les fils de nos fils nous enchantent.
Ce sont de jeunes voix matinales qui chantent…
Ils ramènent notre âme aux premières années ;
Ils font rouvrir en nous toutes nos fleurs fanées ;
Nous nous retrouvons doux, naïfs, heureux de rien ;
Le cœur serein s’emplit d’un rêve aérien ;
En les voyant on croit se voir soi-même éclore… »

 Les parents et grands-parents ont été eux aussi des enfants !

Dominique Thiébaut Lemaire

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