Billet : il n’y a pas d’espoir sans crainte, ni de crainte sans espoir

Il n’y a pas d’espoir sans crainte
Sans inquiétude en souterrain
La crainte rend la joie prudente
Et l’espoir vibre en attendant

Désire-t-il changer les dates
Accélérer les agendas
Il n’y a pas d’espoir sans crainte
Sans inquiétude en souterrain

Dans l’espérance on sent le doute
Moins violent qu’elle et même doux
Que l’avenir parle sanskrit
Ou langue neuve et non écrite
Il n’y a pas d’espoir sans crainte

***

L’espoir se lève au fond des craintes
Il atténue plainte et chagrin
Rend l’affliction moins imprudente
Chez qui se croit perdu perdant

Il attend le report des dates
Qui nous soucient dans l’agenda
L’espoir se lève au fond des craintes
Il atténue plainte et chagrin

Dans la tristesse on voit le doute
Recommander qu’un ton plus doux
S’exprime en mots non pas en cris
La fin n’est pas d’avance écrite
L’espoir se lève au fond des craintes

 

 

« L’espérance est une disposition de l’âme à se persuader que ce qu’elle désire adviendra, laquelle est causée par un mouvement particulier des esprits, à savoir par celui de la joie et du désir mêlés ensemble. Et la crainte est une autre disposition de l’âme, qui lui persuade qu’il n’adviendra pas. Et il est à remarquer que, bien que ces deux passions soient contraires, on les peut néanmoins avoir toutes deux ensemble, à savoir lorsqu’on se représente en même temps diverses raisons, dont les unes font juger que l’accomplissement du désir est facile, les autres le font paraître difficile. » (Descartes, Les Passions de l’âme, article 165).
« L’espérance est une joie inconstante née de l’idée d’une chose future ou passée sur l’issue de laquelle nous avons quelque doute… La crainte est une tristesse inconstante née de l’idée d’une chose future ou passée sur l’issue de laquelle nous avons quelque doute. » (Spinoza, Ethique, III, définitions des affects, définitions XII et XIII). « De ces définitions, il suit qu’il n’y a pas d’espérance sans crainte, ni de crainte sans espérance. Car qui est suspendu à l’espérance et doute de l’issue d’une chose imagine… quelque chose qui exclut l’existence de la chose future ; et par suite on suppose qu’en cela il est attristé, et par conséquent que, tandis qu’il est suspendu à l’espérance, il craint que la chose ne se produise pas. Et qui, au contraire, est dans la crainte, c’est-à-dire doute de l’issue d’une chose qu’il hait, imagine aussi quelque chose qui exclut l’existence de cette chose ; et par suite il est joyeux, et en conséquence en cela il a l’espérance que la chose ne se produise pas. » (Ethique, troisième partie, définitions des affects, explication des définitions XII et XIII).

Dominique Thiébaut Lemaire

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