Billet : premières lectures, dent de lait, chagrin de Noël

Dans ses livres d’enfant où le vocabulaire
A l’image est couplée l’exercice lui plaît
A cinq ans et demi Sacha se met à lire
Comme pour un début de bibliophilie

Il nous dit sa fierté quand sa maman déclare
« Je suis impressionnée » ou quand un chocolat
Lui enlève une dent (de lait) nous fait conclure
Que sa première enfance est bientôt révolue

La boule du sapin – il en a le cœur lourd –
Sur laquelle est inscrit son nom de petit loup
S’est cassée en tombant malgré son soin jaloux
On croit le consoler mais le chagrin redouble

A quelque chose est bon cet enfantin malheur
Qui rend un bref instant ton regard ténébreux
Ne cherche pas Sacha le secret d’être heureux
Dans les objets de rien dont notre esprit se meuble

 

En tant qu’adulte ayant dépassé depuis longtemps l’âge de raison, je crois avoir raison de dire à Sacha : « Ne cherche pas le bonheur dans des objets de rien, et ne te crois pas malheureux s’ils te manquent ». Mais sa Mamie me dit à juste titre que j’ai tort, et que je devrais le savoir en tant qu’ancien enfant, car le charme et la magie du jeune âge  consistent dans les petits malheurs et dans les petits bonheurs causés par ces riens. Une autre magie est d’apprendre à lire et à écrire, et de faire des progrès en grandissant, même s’il faut accepter pour cela de perdre ses premières dents et de s’éloigner peu à peu de la première enfance.

Dominique Thiébaut Lemaire

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