Billet: l’admiration et l’étonnement

 

 

L’enfant tout jeune encore est intrigué se tait

Ne sachant qu’en penser la chose est incertaine

Il regarde attentif l’appareil de photo

Cet objet mystérieux dont l’objectif l’étonne

 

Il trouvera plus tard les secrets incompris

De ce noir instrument qui reste une surprise

Il voit posés sur lui des regards chaleureux

Remue alors les mains dans une ambiance heureuse

 

Il se sent rassuré quand ses parents l’admirent

Et que ses grands-parents de même s’émerveillent

Dans un contentement qui vaut une alchimie

 

Je me dis en tout cas que face au nouveau monde

Pour comprendre il est bon que l’enfant qui s’éveille

Apprenne en s’étonnant plus que par des sermons

 

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L’admiration est la première des six passions fondamentales distinguées par Descartes, avant le désir, la tristesse et la joie, la haine et l’amour. C’est, d’après le philosophe, la passion qui mène à la connaissance. Suivant le vieux sens du mot, Descartes estime qu’elle n’a pas le bien comme objet, contrairement au sens actuel (joie devant ce qui est jugé grand ou beau).


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« Lorsque la première rencontre de quelque objet nous surprend, et que nous le jugeons être nouveau, ou fort différent de ce que nous connaissions auparavant, ou bien de ce que nous supposions qu’il devrait être, cela fait que nous l’admirons et en sommes étonnés » (Les Passions de l’âme, article 53).

« Et cette passion a ceci de particulier qu’on ne remarque point qu’elle soit accompagnée d’aucun changement qui arrive dans le cœur et le sang, ainsi que les autres passions. Dont la raison est que, n’ayant pas le bien ni le mal pour objet, mais seulement la connaissance de la chose qu’on admire, elle n’a point de rapport avec le cœur et le sang, desquels dépend tout le bien du corps, mais seulement avec le cerveau, où sont les organes des sens qui servent à cette connaissance » (Les Passions de l’âme, article 71).

« Ce qui n’empêche pas qu’elle n’ait beaucoup de force à cause de la surprise, c’est-à-dire de l’arrivement subit et inopiné de l’impression qui change le mouvement des esprits: laquelle surprise est propre et particulière à cette passion » (Les Passions de l’âme, article 72).

« Et on peut dire en particulier de l’admiration qu’elle est utile, en ce qu’elle fait que nous apprenons et retenons dans notre mémoire les choses que nous avons auparavant ignorées…Et les autres passions peuvent servir pour faire qu’on remarque les choses qui paraissent bonnes ou mauvaises: mais nous n’avons que l’admiration pour celles qui paraissent seulement rares. Aussi voyons-nous que ceux qui n’ont aucune inclination naturelle à cette passion sont ordinairement fort ignorants » (Les Passions de l’âme, article 75).

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Dominique Thiébaut Lemaire

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