Billet : mort de Sergio Birga, peintre et graveur

Sergio Birga, florentin d’origine, peintre et graveur vivant à Paris, est mort brutalement pendant ses vacances à Cannes le jeudi 26 août 2021 à l’âge de 81 ans au milieu de la journée. Il a été inhumé dans un caveau profond le vendredi 3 septembre 2021 au nouveau cimetière de Châtenay-Malabry (92) après la messe célébrée l’après-midi en l’église Saint-Nicolas-des-Champs. Le choeur de cette église est orné d’un retable composé de beaux tableaux de Simon Vouet que Sergio m’avait fait découvrir quelques années auparavant. Je lis dans le livre de Bertrand Dumas, Trésors des églises parisiennes, préfacé par Marc Fumaroli, que ce retable « passé miraculeusement au travers des modes et des révolutions, est l’unique témoin de somptueux décors d’autel parisiens du règne de Louis XIII  » (sous lequel le cercueil de Sergio a été placé pendant la messe de funérailles concélébrée par plusieurs prêtres du diocèse). « Le peintre a tiré profit des deux étages du retable. Vouet relie l’ensemble par le jeu des regards et des gestes et par la cohérence de la couleur et de la lumière. La main levée de saint Pierre conduit le regard du spectateur vers le niveau supérieur ». La lueur du registre terrestre devient apothéose de lumière au registre céleste (Bertrand Dumas).

I
Je roulais vers l’Alsace un coup de téléphone
D’Annie Birga soudain nous laissant comme aphones
S’est frayé non sans mal dans ma tête un accès
Sergio dit-elle est mort l’heure de son décès
Vient d’être constatée par l’hôpital de Cannes
Il nageait dans la mer comme vers la Toscane
En regardant au fond avec masque et tuba
Les eaux ensoleillées qui miroitaient en bas
Je ne sais ce qu’a fait ce petit attirail
De nageur près du bord qui brusquement défaille
– Peut-être une douleur le prenant en tenaille
Au point qu’il a voulu l’écarter de son cou –
Toujours est-il que l’eau qui lui plaisait beaucoup
Mais qui peut devenir un poulpe à tentacules
A dû fermer sur lui sa mâchoire de bulles
Et frapper le baigneur d’une électrocution
Subit arrêt du cœur -mortel sans discussion-
Qui l’a privé de vie dans un flot de lumière
Alors qu’il finissait sa nage coutumière

II
Transporté à Paris sous le retable peint
Par Vouet il gisait dans un cercueil en pin
Avant d’être livré après la messe ultime
A un caveau profond -là le corps se périme-
Nous l’avons escorté vers le bout du trajet
Où la mort l’a réduit en périssable objet
Vers la proche banlieue et vers le cimetière
Etape pour le mort peut-être la dernière
Somnolant pour ma part sur la route bloquée
Par nombre de bouchons qu’on peine à expliquer
Dans la circulation proche de la thrombose
J’ai pensé paradis survie métempsycose
Eternité de l’art qui peut nous consoler
Bien qu’elle soit sans doute un pauvre pis-aller

 

Dominique Thiébaut Lemaire

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