Billet: cadeaux de Noël

 

Sous un ciel scintillant dont ils scrutaient le dôme
Trois mages sont venus présenter leurs cadeaux
L’encens la myrrhe et l’or une royale dîme
Après les quelques dons de bergers enhardis

La mère de l’enfant n’avait pas de diadème
Des toiles d’araignée s’étendaient comme un dais
Sur celle qui plus tard deviendrait Notre Dame
Sur Joseph sur Jésus que cherchaient les soldats

Les mages sont venus guidés par une étoile
Qui les a précédés à travers le désert
En les accompagnant jusqu’à ce pauvre toit

Ils préféraient au jour la nuit qui se constelle
Quand elle naît du fond d’un firmament d’azur
Et qu’elle chante à l’âme alors que tout se tait

 

 

Emaux et camées, recueil de poèmes de Théophile Gautier (1811-1872), contient un Noêl d’une belle simplicité dont les deux premières strophes sont les suivantes :

Le ciel est noir, la terre est blanche ;
-Cloches, carillonnnez gaîment ! –
Jésus est né, la Vierge penche
Sur lui son visage charmant.

Pas de courtines festonnées
Pour préserver l’enfant du froid ;
Rien que les toiles d’araignées
Qui pendent des poutres du toit.

A mon sens, le ciel de la Nativité, loin d’être noir, était rempli d’étoiles rimant avec toiles (d’araignée), rime chère à Victor Hugo. Cette remarque n’enlève rien aux mérites de Théophile Gautier, aujourd’hui sous-estimé, mais admiré par les plus grands.
Baudelaire lui a dédié Les Fleurs du Mal en des termes extrêmement élogieux :
« Au poète impeccable
« Au parfait magicien ès lettres françaises
« A mon très cher et très vénéré
« Maître et ami… »
Hugo lui a écrit en 1872 un « tombeau » célèbre (que j’ai choisi de commenter il y a bien longtemps à l’écrit du baccalauréat) :
« Oh ! quel farouche bruit font dans le crépuscule
« Les chênes qu’on abat pour le bûcher d’Hercule !…
« Ce siècle altier, qui sut dompter le vent contraire,
« Expire… Ô Gautier ! toi, leur égal et leur frère,
« Tu pars après Dumas, Lamartine et Musset… »
Mallarmé lui aussi, dans l’hommage collectif rendu à Théophile Gautier qui venait de mourir, a écrit à cette occasion un impressionnant « Toast funèbre », qui ne doit pas assombrir la joie de Noël.


Dominique Thiébaut Lemaire

 

 

Les commentaires sont fermés.