Mythologie : Les Muses

L’aède Orphée passait pour le fils d’une muse
Mais de laquelle au vrai la légende est confuse
Devait-il tout enfant ses belles euphonies
A la haute Calliope ou bien à Polymnie
A celle qui pouvait chanter comme une reine
Ou bien à l’autre muse à la voix de sirène
Savante en harmonies qu’elle renouvelait
Réinventait sans cesse en prodiguant son lait
Pour nourrir cet enfant l’inciter à grandir
Au rythme de ses chants le faire s’enhardir

Il recevait de plus les leçons d’Érato
Qui chantait caressante avec des vibratos
Experte en poésie d’amour sans rhétorique
Dont le nom évoquait Eros et la musique
Souvent représentée une lyre à la main
Et célébrée par tous par les Grecs Romains

Orphée savait aussi dès son âge précoce
Produire de beaux sons grâce à la flûte « aulos »
Par Euterpe guidé muse des musiciens
Il modulait parfois des airs de magicien
Ayant la faculté de faire agir les corps
Si bien que dans la danse arrivait Terpsichore

Le poète inspiré par la tendre affection
De ces filles de Zeus débordant d’attentions
Loin de s’en contenter réclamait Eurydice
Avec elle il voulait que les muses soient dix
Il avait l’ambition qu’avec elle Uranie
Les placerait au ciel dans l’espace infini
Où l’on verrait toujours quand la nuit tend ses voiles
Eurydice et Orphée ainsi que des étoiles
Brillant de tous leurs feux prolongeant la passion
De l’amour lumineux dans les constellations

 

Orphée était considéré comme le fils d’une des neuf muses et par conséquent comme le neveu aimé des autres. Rappelons que ces neuf muses, inspiratrices des arts, étaient Calliope pour la poésie héroïque ; Clio pour l’histoire ; Érato pour la poésie amoureuse et élégiaque ; Euterpe pour la musique ; Melpomène pour la tragédie ; Polymnie pour les hymnes ; Terpsichore pour la danse ; Thalie pour la comédie ; Uranie pour l’astronomie. Orphée passait généralement pour être le fils de Calliope, la plus haute en dignité de ces neuf sœurs, nées de Zeus et de Mnémosyne personnification de la Mémoire. Certains disaient que sa mère n’était pas Calliope mais Polymnie. Orphée était d’origine thrace. Comme les Muses, il était donc voisin de l’Olympe. Le mythe le plus célèbre des légendes le concernant est celui de sa descente aux Enfers pour l’amour de sa femme Eurydice (voir dans le présent recueil le poème daté du 28.02.2019). Après la mort d’Orphée, sa lyre a été transportée au ciel où elle est devenue une constellation. Son âme elle-même a été transportée aux Champs Elysées où elle continuait ses chants pour les Bienheureux.

Dominique Thiébaut Lemaire

Mythologie : Perséphone

Quand le dieu des Enfers Hadès a entraîné
Vers le règne d’en bas pour un sombre hyménée
Sa nièce qu’il aimait la jeune Perséphone
Celle-ci a crié au point d’en être aphone
Sollicitant sa mère et de loin demandant
Qu’on ne la livre pas à un tel prétendant
Tyran qui régentait le noir empire des ombres
Où finissent les morts et leur troupe sans nombre

Déméter a perçu que sa fille implorait
Du secours par des pleurs venant d’un lieu secret
Du levant au couchant elle cherche sa trace
Et malgré la fatigue elle parcourt l’espace
Elle erre sans manger sans boire sans repos
Même si son esprit lui semble moins dispos
Pour suivre son idée qui tourne à l’aventure
Aux abords de l’Etna elle voit la ceinture
Que sa fille portait – le brasier du volcan
Lui permet d’éclairer cet indice éloquent –
Et scrute avec des pins qu’elle allume en torchères
Le gouffre où est tombée celle qui lui est chère

Dès lors elle rechigne à remplir sa mission
D’être la nourricière assurant les moissons
Tant que sa fille est prise en un cachot profond
Où la lumière est faible où la vie se morfond
En Sicile les blés sont devenus des herbes
Qui ne méritent plus d’être liés en gerbes
Zeus qui s’en préoccupe ordonne qu’au printemps
Perséphone revienne et partage son temps
Moitié en compagnie de Déméter sa mère
Et moitié chez Hadès pendant les mois d’hiver

 

Pendant qu’elle cueillait des fleurs, narcisses ou lis, dans la plaine d’Enna en Sicile, Perséphone, fille de Zeus et de Déméter elle-même sœur de Zeus, a été enlevée par Hadès – Pluton pour les Romains – frère de Zeus (en raison du petit nombre des dieux originels qu’il était possible de marier, les unions divines étaient propices aux incestes). C’est principalement dans les régions du monde gréco-latin où poussait le froment, avec pour lieux d’élection les plaines d’Eleusis et la Sicile, que s’est développé le mythe de Déméter, déesse de la terre cultivée, essentiellement divinité du blé, appelée Cérès à Rome où Perséphone était nommée Proserpine (voir Ovide, Les Métamorphoses, livre cinquième, vers 393 et suivants). A partir de l’enlèvement de sa fille par Hadès a commencé pour Déméter la recherche de la disparue. Pendant le temps où Déméter était absente, la terre restait stérile, et l’ordre du monde s’en trouvait bouleversé, de sorte que Zeus a ordonné à Hadès de rendre Perséphone. Un compromis a été trouvé : Déméter reprendrait sa place sur l’Olympe, et Perséphone partagerait l’année entre les Enfers et sa mère. Aussi longtemps que les deux déesses restaient séparées, c’était la saison triste de l’hiver, et le sol demeurait stérile. Puis, chaque printemps, Perséphone s’échappait du séjour souterrain et montait vers le ciel avec les premières pousses sortant des sillons, avant de s’enfouir à nouveau parmi les ombres au moment des semailles. Une autre légende, déjà connue de l’Odyssée (V, vers 125 et suivants), raconte l’amour de Déméter et d’Iasion, qui a donné à la déesse un fils, Ploutos. Quant à Perséphone, on disait, d’après une légende syrienne, qu’elle était devenue amoureuse du bel Adonis, qui, aimé d’Aphrodite-Vénus, a dû partager son temps entre la terre et les Enfers, avant d’être tué à la chasse par un sanglier (Ovide, Les Métamorphoses, livre dixième).

Dominique Thiébaut Lemaire