Chaque jour la télé prolonge le récit

Chaque jour la télé prolonge le récit
Qui étire en longueur mainte péripétie
On n’avance plus guère et cette trajectoire
Répète redondante une fiction d’histoire
Dont les mille rebonds et sinuosités
N’apportent plus grand chose aux spectateurs blasés

Pourtant sans nous lasser nous voyons chaque jour
Des images suivant les tours et les détours
D’une actualité qui nous laisse espérer
Ou bien selon les cas nous laissera navrés
Dans la crainte  à la fin d’une vraie catastrophe
Que nous ne pourrons plus juger en philosophes
Comme s’il s’agissait d’événements abstraits
sur lesquels aisément on va tirer un trait

Moscou n’évoque plus comme il faisait naguère
L’éventualité d’un danger nucléaire
Pour l’heure semble-t-il Poutine a le souci
De remettre de l’ordre afin que la Russie
Parvienne à concilier ses troupes mercenaires
et les nécessités d’une armée ordinaire
Quitte à y recourir à des moyens brutaux
Tels que l’assassinat ourdi sous le manteau
Pour se débarrasser de ses reitres complices
Qui prennent trop de place en formant des milices

Des mois se sont passés

Des mois se sont passés sans réelle offensive
en donnant l’illusion des actions décisives

Les deux côtés ont pris pour des réalités
Ce qui était surtout des virtualités
La victoire exigeait de plus en plus d’efforts
Dans une volonté tendue comme un ressort
Pour que l’Ukraine obtienne enfin la panoplie
Des armes dont dispose une armée dernier cri

Il faudrait dans ce but donner à Kiev des chars
Et des avions coûtant des millions de dollars
Sachant que par ailleurs il suffirait d’un rien
(Une mine par terre ou un drone aérien)
Pour détruire un engin valant bien davantage
Pour le déchiqueter et le mettre hors d’usage

Chaque camp s’obstinant sur la ligne de front
A poussé vainement des cris de bûcheron
Pour garder vers l’avant sa part de territoire
Ne pouvant faire mieux qu’un progrès dérisoire
Sur un front qui se fige en petites actions
Dont chacune s’annule en contre-réactions
Sans pouvoir obtenir comme un effet de brèche
Ou de percée faisant comme un effet de flèche

Si vu de près le  front paraît être mouvant
Comme un trait de crayon qu’on gomme à tout moment
Les positions de loin paraissent plus durables
Pour peu qu’on étudie les cartes sur la table
Et qu’on juge en fonction de la longue durée
Mais prédire la fin serait prématuré