Billet : le marché de Noël à Strasbourg

Je me souviens du marché de Noël
Qui se tenait sur la place Broglie
A prononcer comme ce nom s’écrit
On y sentait pain d’épice et cannelle

Vin chaud sucré suivant le rituel
Et sapin frais bonne parfumerie
Je me souviens du marché de Noël
Qui se tenait sur la place Broglie

Mais depuis lors finie la rêverie
Récent bizness partout se multiplient
De faux chalets vendant de l’irréel
Que veut détruire un djihad en folie
Je me souviens du marché de Noël

 

Un marché de Noël berlinois très mal protégé, celui de la Breitscheidplatz, a été attaqué le 19 décembre 2016 vers vingt heures par un djihadiste d’origine tunisienne au volant d’un camion de 38 tonnes qui a tué douze personnes et qui a fait plus de cinquante blessés. La justice allemande a révélé que le camion était équipé de systèmes électroniques de sécurité, caméra et radar, capables de détecter les obstacles. Ces systèmes ont provoqué un freinage d’urgence limitant le nombre de victimes. Après l’attentat, revendiqué par l’organisation Etat islamique, soixante plots en béton armé d’une tonne et demie ont été installés. La police allemande n’a pas pu attraper le meurtrier qui, après une cavale passant par la France, a été contrôlé par hasard près de Milan et tué dans la nuit du 22 au 23 décembre par une patrouille de deux policiers italiens en état de légitime défense. On nous dit (et on veut bien le croire) qu’après le carnage de Nice le 14 juillet 2016 des mesures de protection bien plus sérieuses ont été prises à Strasbourg pour protéger le marché de Noël. Ce qui n’empêche pas de constater qu’en peu d’années, à la fin du XXe siècle et au début du XXIe siècle, le caractère commercial de ces marchés est devenu excessif ; que l’image de Noël y est abusivement instrumentalisée à des fins lucratives ; et qu’elle draine des foules trop nombreuses pour être réellement en sécurité par les temps qui courent.

Dominique Thiébaut Lemaire

Billet : ultime promesse non tenue du président

Notre bon président s’était fait la promesse
D’une réélection le gardant au sommet
Si par bonheur le sort avec plus de clémence
Consentait à réduire un chômage alarmant

D’abord sourde à ses vœux la chance in extremis
A semblé de nouveau lui sourire en amie
Le risque à ce moment pouvait paraître mince
Qu’il perde son pari sorte de son chemin

Oui mais si le chômage a cessé de s’étendre
On a vu cet espoir fatiguer les attentes
Se faire désirer à la fin trop longtemps

La foi présidentielle a fini par s’éteindre
Un regain de faveur devenait hors d’atteinte
Le but était si proche et pourtant si lointain

 

Après la nouvelle de son renoncement à l’élection de 2017, annoncée par le Président de la République (titre qu’il a tendance à prononcer lui-même « Présent de la Réplique » quand il parle vite en avalant les syllabes), Le Canard enchaîné du 28 décembre 2016 a publié en première page un dessin de Lefred-Thouron montrant trois personnages perplexes : l’un reste silencieux, un autre s’interroge : « La courbe du chômage s’inverse, et pourtant, Hollande ne se représente pas… », tandis que le troisième répond : « Ultime promesse non tenue ! »

Dominique Thiébaut Lemaire

Billet : à chaque année suffit sa peine

A chaque jour suffit sa peine
On veut le soir trouver la paix
S’asseoir souffler pauvre bipède
Mais le souci qui nous malmène
S’arrête peu sinon jamais

Malgré l’espoir qu’ils soient en panne
Les vieux tourments ne cessent pas
Ne souffrant pas les escapades
Ils font de nous des monomanes
Il tournent mal dans l’estomac

A chaque année son lot d’épines
On aimerait plus de répit
Des sentiments plus purs limpides
Et que Noël qui s’illumine
Epanouisse une accalmie

 

« Ne vous inquiétez donc pas pour le lendemain : le lendemain s’inquiétera de lui-même. » A la fin de cette parole évangélique se trouve un célèbre octosyllabe en version française : « à chaque jour suffit sa peine » (Matthieu 6.34), dans lequel on peut remplacer « jour » par « année » pour célébrer les douze mois qui se terminent en décembre et les douze qui vont suivre.

Dominique Thiébaut Lemaire

Billet : opération du genou

 

Quand on aime les mots la langue médicale
N’est pas sans poésie mais à la condition
D’aimer aussi le corps et ses réparations
D’accepter comme un bien le mal chirurgical

La patiente a reçu un genou en métal
L’arthrose ayant causé d’importantes lésions
La marche en liberté devenait illusion
D’où cette opération d’arthroplastie totale

En titane peut-être ou en chrome cobalt
Avec une rotule en polyéthylène
La prothèse agira comme une force occulte

A la fin des douleurs accompagnées de spleen
Elle sera l’espoir de monter désinvolte
A un plus haut niveau que les surfaces planes

 

 

La pose d’une prothèse remplaçant l’articulation du genou est devenue une opération relativement courante. Elle remédie aux lésions de l’arthrose qui peuvent rendre très douloureux le fonctionnement de cette articulation complexe, essentielle pour la liberté d’aller et de venir. Dans les hôpitaux qui pratiquent ces interventions, celles-ci ont évolué dans le même sens que les autres activités de soin, c’est-à-dire qu’on tend à réduire au minimum la durée des hospitalisations pour faire des économies (et il semble que certains politiciens nous promettent encore pire en voulant que ça saigne !), ce qui ne va pas sans poser des problèmes de suivi post-opératoire, en ce qui concerne par exemple le traitement indispensable de la douleur, l’évolution des oedèmes et hématomes de la cuisse et de la jambe consécutifs à l’opération, le risque de phlébite (inflammation d’une veine)… Bien que la marche soit tout de suite possible, et que le séjour à l’hôpital ne dure que deux ou trois jours, une période de rééducation de plusieurs semaines est ensuite nécessaire, au cours de laquelle le patient doit s’astreindre à des exercices, seul et avec un kinésithérapeute, de manière à pouvoir faire face aux situations de la vie courante : si la marche en terrain plat requiert une (génu)flexion de 60 degrés, dans un escalier la flexion doit atteindre au moins 110 à 120 degrés, et davantage encore dans les transports en commun ou pour faire du sport. Les personnes opérées reçoivent du chirurgien un certificat attestant que leur prothèse articulaire est susceptible de déclencher les alarmes des portiques de sécurité dans les aéroports, les gares ou les grands magasins.

Dominique Thiébaut Lemaire