Covid-19 : imminence d’un nouveau confinement en janvier-février 2021 ?

On ne saurait trop recommander la lecture d’un article révélateur intitulé « Imminence grise » écrit par le rédacteur en chef du JDD (directeur général de la rédaction), sorte d’éditorial paru dans le JDD du dimanche 31 janvier 2021.

Cet éditorial reconnaît que « titrant dimanche dernier « Reconfinement imminent », le JDD a eu tort puisque la France, malgré un nouveau train de restrictions, ne s’est finalement pas refermée. A nos lecteurs, légitimement attachés à la fiabilité de l’information et habitués à disposer, grâce à nous, d’une longueur d’avance sur bien des actualités, nous présentons nos excuses ».
S’y ajoutent des explications : « Nous ne voulons jouer ni avec les mots ni avec nos valeurs. Qu’on nous autorise néanmoins à souligner que, si notre titre s’est révélé abusif, nos informations étaient exactes… Qui peut honnêtement soutenir que nous étions dans l’erreur ? »
« En cette circonstance comme en d’autres, nous avons fait notre métier, qui est d’informer […] En nous immisçant dans cette zone grise du pouvoir où s’élaborent les décisions cruciales, pour cueillir l’information à la racine et court-circuiter la communication officielle.
Certains nous ont accusés, comme par réflexe, de servir la propagande gouvernementale. Il se sont ridiculisés. D’autres ont ricané en nous voyant démentis. Libre à eux d’attendre l’autorisation pour publier ce qu’ils savent. D’autres encore nous ont reproché de jouer les Cassandre. Telle n’a jamais été notre intention. »
« Fort d’éléments précis que [le chef de l’Etat] est le seul à détenir, il a pris une décision que lui seul pouvait prendre […] Chacun le mesure : repousser le confinement est un pari. »

Cet article présente des excuses qui n’en sont pas, car elles sont aussitôt assorties d’une rétractation (par exemple : « si notre titre s’est révélé abusif, nos informations étaient exactes »). En disant cela, il met en évidence, au passage, un travers grave des médias consistant à exagérer le message en gros titres par rapport à ce qui est dit dans le corps des articles. Il enchaîne les dénégations qui révèlent des vérités d’autant plus vraies qu’elles sont plus fortement niées (Par exemple ; « certains nous ont accusés […] de servir la propagande gouvernementale. Ils se sont ridiculisés ». Et, à un autre endroit de l’article : « Nous continuerons ».
« Libre à ceux qui nous critiquent, écrit encore le rédacteur en chef du JDD, d’attendre l’autorisation pour publier ce qu’ils savent. » Cet argument présente comme une vertu (publier malgré les censures ce qu’on sait) ce qui est en fait un vice journalistique (publier les rumeurs qu’on entend dans les couloirs du pouvoir).

Signalons pour finir deux erreurs fondamentales commises par ceux qui insistent avec une extrême lourdeur sur la nécessité de reconfiner fortement au plus vite.
D’abord, à court terme, les « confinators », parmi lesquels se trouvent beaucoup de journalistes mais aussi de nombreux médecins qui agissent aujourd’hui comme un véritable lobby, apparaissent surtout préoccupés par leur intérêt de « conseillers du prince » et de responsables hospitaliers se sentant en danger d’être débordés, voire dépassés par le nombre de leurs malades. Ils oublient de réfléchir aux chiffres objectifs montrant que l’épidémie donne des signes de diminution même en Angleterre en dépit du « variant anglais » censé être nettement plus virulent.
Ensuite, les « confinators » oublient de se demander ce qui se produirait après un éventuel reconfinement. Sauf vaccination beaucoup plus rapide que celle que l’on constate aujourd’hui, un reconfinement, bien que sévère ou parce que sévère, risque de laisser l’épidémie rebondir avec d’autant plus de force dès qu’il sera desserré.

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Dominique Thiébaut Lemaire

Billet : Le Brexit au début de 2021

L’Angleterre a quitté l’Union des vingt-huit membres
– En l’an deux mille vingt à la fin de décembre
Elle a bien confirmé qu’elle coupait les ponts –
Désormais la voici délivrée des tampons
Que l’Europe apposait sur les lois « dura lex »
Sur tous les règlements sur les moindres codex
Il ne restera plus associant Britannia
A ses proches voisins les pays immédiats
Qu’un seul épais traité qu’on dit de libre-échange
Laquelle des parties gagnera donc au change

Entre le continent et la Grande-Bretagne
Qui après s’être unis se séparent s’éloignent
A vrai dire on ne peut parler de ponts coupés
Mais de visions du monde et d’occasions loupées
Il n’y a jamais eu de pont sur le channel
Mais sous ce bras de mer va durer le tunnel
Je ne peux l’oublier car j’ai participé
A ce que les années ne pourront dissiper
A cet ouvrage d’art digne de Jules Verne
Cet indéniable exploit des techniques modernes
J’étais alors chargé des problèmes d’impôts
Face aux autres États brandissant leur drapeau
Comme négociateur du côté de la France
Avec l’Anglais j’ai dû m’entendre en l’occurrence
Pour partager en deux tous les aspects fiscaux
De la nouvelle voie sous la Manche ex aequo
On nous a invités à un repas sous terre
Où se sont rencontrés venus l’un d’Angleterre
Et l’autre de Calais les tunneliers géants
Dans un grand cross-over qui paraissait béant
Thatcher y est venue premier ministre à poigne
Retraitée du pouvoir elle a bu du champagne
Pierre Mauroy comme elle a signé le carton
Me conviant au repas sous la voûte en béton

 

A la suite du Brexit, l’accord de libre-échange conclu fin 2020 entre Bruxelles et Londres m’a rappelé le petit rôle que j’ai joué dans la réalisation du tunnel sous la Manche. A cette date, ce n’est pas la mer qui menaçait le tunnel, ni les fractures de la craie bleue dans laquelle ce tunnel ferroviaire a été creusé, mais la crise causée par la maladie appelée covid-19, qui a réduit fortement le trafic et par conséquent les recettes. Le ministre délégué français chargé des transports a annoncé que l’État allait soutenir Eurostar, la compagnie qui, par le tunnel, assure le transport entre Londres et Paris et entre Londres, Bruxelles et Amsterdam. Le ministre a dit devant la commission compétente de l’Assemblée nationale française : « Nous sommes en train de travailler en lien avec les Anglais à des mécanismes d’aide proportionnés au prorata de l’implication de chacun dans Eurostar », précisant qu’il en discutait « depuis de nombreuses semaines » avec son homologue britannique. Il avait été averti qu’Eurostar risquait de se retrouver bientôt en dépôt de bilan. En 2020, du fait de la crise sanitaire, la compagnie transmanche a perdu 80 % de son chiffre d’affaires. Au début de 2021 ne circulaient plus que des trains presque vides : un seul Paris-Londres par jour, contre plus d’une vingtaine en temps normal, et un seul Londres-Bruxelles-Amsterdam, contre une dizaine en 2019. De son côté, l’organisation patronale London First a adressé un courrier au Chancelier de l’Échiquier (ministre des finances) pour appeler Londres à participer au sauvetage. Le patron de SNCF Voyageurs a expliqué qu’Eurostar souffrait de plusieurs handicaps, à commencer par le cumul des restrictions sanitaires édictées par les quatre pays desservis : l’Angleterre, la France, la Belgique, les Pays-Bas. Autre handicap, la singularité d’Eurostar, ayant son siège à Londres mais détenue à 55 % par la SNCF. « C’est une entreprise française en Angleterre, donc elle n’est pas aidée par les Anglais, et elle n’est pas aidée par les Français parce qu’elle est en Angleterre », a expliqué ce dirigeant.

Dominique Thiébaut Lemaire